
Un observatoire des pratiques policières est annoncé à Lille (Nord). La réaction du préfet ne s’est pas faite attendre. (©Olympe Bonnet/Lille Actu)
Plusieurs syndicats et associations ont annoncé la création d’un observatoire des pratiques policières à Lille (Nord) suite aux manifestations des Gilets jaunes. De quoi agacer le préfet Michel Lalande qui n’a pas tardé à répondre.
Cet observatoire sera « désormais présent dans les manifestations protestataires à Lille », selon ses créateurs.
Il ne s’agit pas d’observer les manifestants ni de les filmer, mais d’orienter le regard vers les pratiques policières, de documenter et d’analyser leur évolution sur un temps long. Et de pouvoir en rendre compte publiquement », annoncent-ils.
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« Entrave à la liberté de manifester »
Dans un communiqué, le groupe parle « d’interpellations massives et arbitraires, gardes à vue abusives, blessures graves, mutilations ou encore confiscations de matériel de protection et bris de matériel de prise d’images » lors des manifestations de Gilets jaunes.
Sont également évoquées des « techniques de dissuasion et d’entrave à la liberté de manifester ».
Le droit de manifester, droit fondamental en démocratie, se trouve ainsi largement remis en cause ».
Lancement de l'Observatoire Lillois des Pratiques Policièresconférence de presse mardi 18 juin à 14h maison des avocats à Lille
Publiée par Syndicat SUD des personnels du Département du Nord sur Vendredi 14 juin 2019
Une plainte contre les policiers, 655 interpellations
Des accusations graves qui ont poussé le préfet du Nord Michel Lalande à réagir.
Malgré les accusations portées par les rédacteurs du communiqué sur la répression inédite dont les Gilets jaunes feraient l’objet dans le département du Nord, force est de constater qu’une seule plainte pour violence policière a été recensée sur le département depuis le 17 novembre, date de début du mouvement. En revanche, depuis cette même date, 655 interpellations ont été réalisées par les services de police pour des faits de violences, de dégradations de participation à un attroupement…. » lance-t-il.
Des interpellations qui ont conduit « dans leur immense majorité à des suites judiciaires ». Et le préfet d’enchaîner :
Le collectif évoque par ailleurs « une entrave à la liberté de manifester » par un usage arbitraire de motifs tels que « dissimulation du visage » ou « participation à un groupement en vue de commettre des violences » qui sont pourtant parfaitement fondés en droit.
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« Aucune manifestation interdite »
Le préfet assure enfin avoir veillé à concilier liberté de manifester et liberté de circuler avec la sécurité de tous.
Depuis le début de mouvement, chaque samedi, aucune manifestation n’a été interdite, à Lille et dans l’ensemble des villes du département. Lorsqu’un arrêté d’interdiction de manifestation dans le centre-ville de Lille a été pris pour des raisons de sécurité, un itinéraire de substitution a systématiquement été proposé aux organisateurs dans le strict respect du droit constitutionnel de manifester ».
Notons que les Gilets jaunes n’ont plus eu accès au centre-ville de Lille (Nord) depuis plusieurs semaines.
Mais pour le préfet, cet observatoire n’a qu’une seule ambition : « éluder les pratiques des organisateurs de manifestations qui admettent en leur sein des individus violents, voire le revendiquent, confondant ainsi liberté de manifester avec liberté de dégrader les biens et d’outrager les personnes dépositaires de l’autorité publique ».
Allégations de violences policières, le préfet communique ! 👮♀️🚔👮♂️ pic.twitter.com/NbTM4d5Tq6
— Préfet de la région Hauts-de-France et du Nord (@prefet59) June 18, 2019