![À 31 ans, Hugo Guillochin a déjà multiplié les expériences dans le domaine de la culture, de la politique et aujourd'hui des médias. Son objectif aujourd'hui : trouver un équilibre entre vie pro bien remplie et vie personnelle épanouie.]()
À 31 ans, Hugo Guillochin a déjà multiplié les expériences dans le domaine de la culture, de la politique et aujourd’hui des médias. Son objectif aujourd’hui : trouver un équilibre entre vie pro bien remplie et vie personnelle épanouie. (©François Dourlen)
Rendez-vous est pris dans un café de Bayeux (Calvados). Il a de l’avance et discute au bar. Quand on en repartira, il saluera là aussi plusieurs habitués. Hugo Guillochin est connu dans la cité. S’il a grandi dans la campagne du Bessin, il est né et a fait ses études dans sa capitale. Avant de s’y réaliser professionnellement. C’est justement pour parler de son parcours singulier que j’ai demandé à le rencontrer. On a juste une heure devant nous. Va pas falloir traîner. Car s’il n’a que 31 ans, Hugo a déjà connu bien des vies. Il a la bougeotte.
« J’aime bien cette idée du papy qui passe le bac »
Dès la fin du lycée, il est parti en sac à dos passer une année en Angleterre. Il venait de rater son bac. « Mon père voulait que je redouble, mais j’avais envie d’aventure, d’apprendre l’anglais, de faire des rencontres », se souvient-il avec nostalgie. Il y a appris la débrouille. Un sens qui lui sera très utile par la suite.
Cet échec, Hugo l’a longtemps eu en travers de la gorge. Jusqu’à le faire douter de lui. « J’ai pensé que j’étais trop bête pour l’avoir. »
Mais finalement, c’est peut-être justement ce qui l’a poussé à se dépasser.
Je suis quelqu’un qui défend vraiment l’école, et franchement, je pense que je le repasserai un jour. J’aime bien d’ailleurs cette idée du papy qui passe le bac. Mais j’avais peut-être besoin de ça au fond, parce que j’étais sans filet.
Deux leitmotivs : « la passion et l’humain »
Et c’est vrai que ça lui a plutôt bien réussi. Au fil des opportunités, Hugo a suivi son instinct. Avec toujours un mot d’ordre en tête : « faire les choses par passion ». Et un fil rouge : « l’humain ». À son retour dans le Bessin, il ouvre un petit restaurant avec son père. « C’était sympa, mais je savais que je n’allais pas faire de la restauration toute ma vie ».
L’année d’après, en 2010, il organise une fête dans son jardin au Molay-Littry. Sans prétention. Sans imaginer que ce rassemblement qu’il avait appelé « Tout un foin » prendrait l’envergure qu’on lui a connu. « J’en ai eu l’idée en voyant une rediffusion de Grease au cinéma Le Mélies. J’avais beaucoup d’amis d’univers différents, je voulais les réunir ». S’en est suivie une deuxième édition, avec Ours en tête d’affiche.
Avant de se saisir d’une première belle opportunité. Avec l’arrêt de Calvadose de rock à Bayeux, Hugo est passé du jardin familial au site de la Grenouillère. D’artistes essentiellement locaux à des vedettes nationales, grâce à la rencontre de professionnels du secteur. L’aventure a duré trois ans. Trois ans d’adrénaline, de vraies victoires, de vrais déboires aussi. La pluie aura gâché deux de ces trois éditions, en 2013 et 2015.
À partir de là, j’ai réfléchi à changer de vie. Ça me demandait beaucoup d’énergie, et j’avais l’impression de commencer à tourner en rond.
« Sans cet accident, ma vie n’aurait pas été la même »
L’ennui, c’est sa hantise. Pourtant, dès 2014, il avait déjà commencé à porter une nouvelle casquette : celle de conseiller municipal (et de conseiller communautaire). Sur la liste du maire Patrick Gomont, il a été élu et a siégé dans trois commissions pendant (presque) tout le mandat.
Je savais que j’avais envie de ça, de faire de la politique. Je ne pensais juste pas que ça arriverait si vite.
Ni qu’il s’en éloignerait aussi rapidement d’ailleurs. Questions d’opportunité là encore. De chance qu’il ne faut pas laisser filer.
De la politique à la sphère médiatique
Fin 2019, Hugo a été repéré par une société de production après son passage remarqué, en septembre, dans l’émission de France 5, « Échappées belles ».
S’il s’est retrouvé à faire ce reportage, c’est grâce à l’entreprise qu’il a créée en mai 2016. Petite Reine. Après Tout un foin, loin de se laisser abattre, il a fait de sa passion pour le vélo une véritable activité professionnelle, dont, il faut le noter, il ne se lasse pas.
J’avais loué un VTT pour parcourir les montagnes aux États-Unis fin 2015. Ça a été mon plus beau souvenir de ce voyage. Alors au retour, je me suis dit, pourquoi ne pas proposer quelque chose en Normandie ?
Il parlait bien anglais, aimait profondément sa région, les feux étaient au vert. « J’ai fait les plages du Débarquement et le Mont-Saint-Michel, puis j’ai proposé une nouveauté en 2019, les balades gourmandes ». C’est ce qu’il l’a conduit jusqu’à France 5 qui préparait un sujet sur la Normandie Gourmande.
Aujourd’hui, il est chroniqueur pour l’émission « Ensemble c’est mieux » sur France 3 Normandie, chaque matin à 10 h 45. « Depuis janvier, je sillonne les 4 coins de la région à la découverte d’initiatives, de lieux ouverts au public, de savoir-faire… » Un nouveau métier dont il faut apprendre les codes, mais complètement en adéquation avec ce goût du défi qu’il aime tant.
C’est complètement différent de ce que j’ai fait jusque-là, à ceci près qu’on retrouve toujours ce fil rouge de l’humain, mais c’est une expérience très intéressante.
« Je suis parti de la plus belle des façons »
Intéressante mais précaire. Son contrat est de six mois. « J’aimerais faire au moins un an, mais on verra, ça ne m’angoisse pas, je réfléchis déjà à la suite ».
En homme pressé qu’il est, mû par l’adrénaline, il ne regrette aucun de ses choix. Même s’ils impliquent parfois un renoncement un peu piquant. Comme le fait de quitter son poste d’attaché parlementaire. Car oui, Hugo travaillait aussi aux côtés du député Bertrand Bouyx depuis son élection en juin 2017.
J’avais 28 ans quand il m’a proposé le poste, j’aimais la circonscription, j’avais envie d’aider les gens, alors je me suis lancé dans ce nouveau challenge.
À mi-temps, Hugo officiait dans le Bessin. Son énergie débordante lui permettait de tout gérer. Mais son nouveau statut de chroniqueur n’était plus compatible avec des fonctions politiques. Alors il a décidé d’y mettre un terme. Pour le moment du moins. Et sans regret.
En général, on quitte la politique avec pertes et fracas. Là, je suis parti de la plus belle des façons, pour continuer ma route ailleurs. Mais rien ne dit que c’est définitif. Je sens que je pourrais y revenir, même si je ne peux pas dire quand ni comment.
« Je peux m’y brûler les ailes mais j’apprends »
Le retrouvera-t-on un jour candidat à une élection ? Il ne le sait pas lui-même. Et c’est d’ailleurs ce qu’il aime. Avancer, jamais tête baissée, sans réfléchir, mais sans non plus se freiner. Pour se laisser l’opportunité d’avancer, de découvrir, de s’enrichir. Puisqu’il connaît aujourd’hui sa capacité d’adaptation. De rebond. Mais d’ailleurs, d’où lui vient une telle urgence de vivre ?
Certainement d’un grave accident que j’ai eu à 8 ans où j’ai failli perdre la vie. À l’adolescence, j’ai vraiment compris que le gouffre pouvait être assez proche. C’est sûrement pour ça que je fais tout vite, parfois trop. Je peux m’y brûler les ailes mais j’apprends. Et ce qui est sûr, c’est que sans cet accident, ma vie n’aurait pas été la même.