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Conférence de presse de la procureure de Strasbourg Yolande Renzi et de la directrice régionale de la police judiciaire Béatrice Brun, le 28 octobre 2019 à Strasbourg, à propos de la disparition de Sophie Le Tan, dont le corps a été découvert il y a quelques jours. (©AFP/FREDERICK FLORIN)
Après la découverte mercredi du « squelette incomplet » de Sophie Le Tan, disparue depuis plus d’un an, il revient désormais aux experts de « faire parler les ossements » pour déterminer les circonstances de son assassinat, dont Jean-Marc Reiser reste le principal suspect.
« Je n’ai aucun élément qui relie ce décès à Jean-Marc Reiser autre que les éléments que j’avais initialement et qui ont permis au magistrat instructeur de le mettre en examen » pour assassinat en septembre 2018, a insisté lundi la procureure de Strasbourg, Yolande Renzi, au cours d’une conférence de presse, tout en reconnaissant qu’il s’agissait d’un « moment décisif » de l’enquête.
Six jours après la découverte fortuite d’ossements par une groupe de promeneurs dans la forêt communale de Rosheim (Bas-Rhin), à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg, ni la date ni la cause de la mort de l’étudiante ne sont encore connues.
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« Faire parler ces ossements à l’aide de toutes les nouvelles technologies »
« Il va revenir aux experts de faire parler ces ossements à l’aide de toutes les nouvelles technologies », a souligné Mme Renzi.
Outre la certitude fournie par l’ADN que certains de ces ossements -mais pas encore le crâne, l’analyse d’une dent demandant plus de temps- appartenaient bien à la jeune fille de 20 ans, l’élément le plus déterminant révélé à ce jour est une « section nette et franche » d’un fémur qui « n’est pas l’oeuvre d’un prédateur » animal.
La magistrate a évoqué une « section instrumentale », sans vouloir établir de lien avec la scie portant des traces de sang de la jeune fille retrouvée chez Jean-Marc Reiser.
La procureure de Strasbourg a relaté devant les journalistes la découverte d’un crâne, qui avait pu être déplacé par un animal, puis, à « quelques dizaines de mètres » de distance, d’un « tumulus d’environ 3 mètres sur 3 comprenant à son sommet une fosse (…) recouverte de branchages et de pierres ».
Les enquêteurs y ont découvert « un squelette incomplet » dont « un tronc » et « un morceau de bassin avec une tête de fémur » ainsi que « des cheveux de couleur foncée ».
Scanner, imagerie médicale, analyses toxicologiques : toutes les techniques disponibles vont maintenant être mobilisée pour comprendre sur « ce qui a pu se passer avant le décès et qui reste marqué dans le corps et dans les os ».
La forêt de Rosheim n’avait pas fait l’objet de recherches approfondies à la suite de la disparition de la jeune femme.
![Le père de Sophie Le Tan, Tan Tri Le Tan, et d'autres membres de sa famille devant le palais de justice de Strasbourg le 5 octobre 2018.]()
Le père de Sophie Le Tan, Tan Tri Le Tan, et d’autres membres de sa famille devant le palais de justice de Strasbourg le 5 octobre 2018. (©AFP/Archives/FREDERICK FLORIN)
Indices
Jean-Marc Reiser avait été identifié notamment grâce à son téléphone, mais « les enquêteurs travaillent sur des données téléphoniques qui donnent une zone d’émission, pas un lieu géographique précis », a expliqué la directrice interrégionale de la police judiciaire, Béatrice Brun.
Les recherches doivent se poursuivre dans cette forêt pour tenter de retrouver d’autres parties du corps ou des « indices incriminant la personne qui l’a déposé là », selon Mme Renzi.
Fille de réfugiés vietnamiens, Sophie Le Tan avait disparu le 7 septembre 2018, jour de son 20e anniversaire, alors qu’elle allait visiter seule un appartement en banlieue de Strasbourg.
L’unique suspect, Jean-Marc Reiser, aujourd’hui âgé de 59 ans et qui avait posté l’annonce immobilière à laquelle cette étudiante sans histoire avait répondu, avait été arrêté quelques jours plus tard.
Déjà condamné pour viols, Jean-Marc Reiser avait aussi acquitté au bénéfice du doute pour la disparition à Strasbourg dans les années 1980 d’une jeune femme, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Dans l’affaire Le Tan, il a été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration.
Il a d’abord nié avoir rencontré la jeune femme, avant d’admettre, confronté aux éléments matériels – les traces de sang de Sophie Le Tan retrouvées chez lui, sur des vêtements et une scie- , qu’elle était venue dans son appartement. Mais il soutient l’avoir soignée pour une blessure à la main avant qu’elle ne reparte.
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Le suspect, Jean-Marc Reiser, clame son innocence
Il avait une fois encore clamé son innocence lors de sa dernière audition, le 5 octobre.
Je ne pense pas que le magistrat instructeur ait d’ores et déjà planifié (un nouvel) interrogatoire », a avancé lundi Mme Renzi
Jean-Marc Reiser « n’a pas varié du tout sa position par rapport aux charges factuelles et à son implication dans cette histoire malheureuse », avait indiqué samedi à l’AFP Francis Metzger, l’un de ses avocats.
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Source : © 2019 AFP