
Les échanges étaient parfois musclés entre les riverains et le Département (©Actu Essonne)
19h45, ce jeudi 20 juin, les gens se pressent devant l’entrée de l’espace René L’Helguen d’Athis-Mons pour assister à la réunion publique organisée sur les coups de 20h. 350 à 400 personnes sont présentes à quelques minutes de l’ouverture des débats. Les équipes techniques s’affairent pour permettre à chacun de bénéficier de chaises.
Mais quel sujet peut expliquer cette forte et soudaine affluence un jeudi soir, à l’heure du dîner qui plus est ? La réponse est simple quand on connaît le contexte sur Athis-Mons… Cette réunion publique avait pour thème la potentielle construction d’un nouveau pont entre Athis-Mons et Vigneux-sur-Seine.
Plusieurs mois de combat
Ce dossier fait beaucoup parler à Athis-Mons, et depuis plusieurs mois même. Un projet qui est loin de laisser indifférent. En effet, une grande partie des riverains, des associations locales et des élus ont affiché publiquement leur opposition pure et simple au projet. Les élus athégiens ont même approuvé une motion à l’unanimité contre ce projet lors du dernier conseil municipal en date du 19 juin.
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Ainsi, la ville ne compte déjà plus les discussions, les réunions et les balades urbaines à ce sujet… Mais ce jeudi 20 juin, la réunion publique présentait un fait nouveau. Il s’agissait de l’une des premières rencontres entre les porteurs du projet, à savoir le conseil départemental de l’Essonne et les riverains. Voilà (sans doute) pourquoi l’affluence était au rendez-vous…
Les échanges se tendent
D’entrée de jeu, le modérateur a bien mis le doigt sur le fait que cette réunion « était un endroit d’échanges » ou « il fallait écouter et respecter les avis de chacun ».
Une consigne rappeler par Christine Rodier, en propos introductifs. Même si celle-ci en a profité pour rappeler la position de la ville sur ce dossier. « Il s’agit d’un sujet qui passionne les habitants, car il touche au quotidien des gens. Sachez que je veux que rien ne soit tabou ce soir ». Ce à quoi François Durovray, le président du Département, rétorque : « Certains ont un avis arrêté sur le sujet. En démocratie, on doit pouvoir dire des arguments et pas que des opinions ». Le décor est ainsi planté…

François Durovray a invité chacun a respecté les interventions des interlocuteurs (©Actu Essonne)
Mais dès la présentation par les membres du Département, la température est montée d’un cran. « Du rond-point Henri Dunant, le pont franchira la Seine et arrivera à Port-Courcel« , explique le personnel du Département, immédiatement coupé par des riverains dans la salle : « le pont « passerait » il faut dire ! Et même il ne passera pas », lance un homme.
Les positions se creusent
A peine la présentation terminée, les questions fusent de partout. « Quels seront les impacts sur l’écologie dans les zones humides côté Vigneux ? », « Quand comptez-vous améliorer les transports en commun ? », « Quel coût ? », « Combien de personnes comptez-vous tuer avec ce nouvel axe routier », ose même un militant écologiste.
Les réponses apportées par les services ou les élus du Département ne rencontrent pas l’effet escompté auprès de l’assistance. Les questions sont accompagnées d’applaudissements, tandis que les réponses laissent souvent place aux sifflets, notamment quand le point sur le « potentiel afflux de poids-lourds sur cet axe » a été abordé.
Puis soudain, les choses s’enveniment. François Durovray, micro en main tente de se faire entendre. « Vous avez tous envie d’être reconnus dans ce que vous faites. Alors écoutez les gens qui travaillent sur ce projet depuis plusieurs mois. Les dés ne sont pas jetés », lance-t-il. Avant de se faire reprendre : « C’est à vous d’arrêter ! D’après ce que vous nous proposez, on a le choix entre ce projet et ce même projet ! Tout est joué ! », peste un homme, avant que Georges Tron ne porte l’estocade : « Je ne suis pas contre ce genre de concertation, je suis juste contre ce genre de projet ! ».
La concertation préalable se poursuit jusqu’au 5 juillet. D’ici-là, il semble difficile pour les différents camps de tomber sur un accord. Si la « fronde » prend dans les autres communes, le projet de pont tombera-t-il à l’eau ? Difficile à dire…