
Candidate aux élections municipales à Toulouse, Nadia Pellefigue présente un « plan d’urgences mobilités » pour « réduire la place de la voiture » à Toulouse (©Guillaume Laurens / Actu Toulouse)
Tout un symbole. C’est au bien nommé « Vélo Sentimental », près de la gare Matabiau à Toulouse, que Nadia Pellefigue, candidate aux élections municipales 2020 dans la Ville rose, a présenté jeudi 17 octobre 2019 son « plan d’urgence mobilités ».
« Les Toulousains perdent 6 jours par an dans les bouchons »
La vice-présidente au Développement économique de la Région Occitanie entend s’attaquer à « résorber les bouchons », parce que « les Toulousains perdent six jours par ans dans les embouteillages », mais aussi que la Ville rose est « championne de France de la congestion automobile à l’heure de pointe ». Des bouchons et un poids de l’automobile qui ne sont pas sans conséquences sur « la pollution et la santé des riverains » qui y sont confrontés, autour de la rocade, « et ce souvent d’ailleurs les plus pauvres et les plus fragiles ».
Avec la ferme volonté de « réduire la place de la voiture en ville », la candidate soutenue par le Parti socialiste et le Parti radical de gauche propose donc la création de nouvelles infrastructures. Voici ses premières propositions.
Installer des portes végétales aux entrées de Toulouse
Nadia Pellefigue réitère d’abord son souhait de créer « sept portes à étages végétalisées » aux entrées et sorties de ville, « afin que les habitants de la métropole et d’au-delà puissent y laisser leurs voitures individuelles ». Elle veut faire de ces portes des « gestes architecturaux forts » en matière d’environnement, mais aussi « de véritables hubs de (dé)mobilité ». La candidate résume : « Ce sera le symbole d’une grande métropole en transition ».
Concrètement, ces portes permettraient l’accès à des parkings sécurisés, des zones de covoiturage, des bornes de recharge électrique, mais aussi aux transports en commun. Pour l’équipe du mouvement « Une nouvelle énergie », il s’agit de « bâtir des parkings à étages au-dessus de la rocade », a expliqué le sénateur Claude Raynal.
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Réserver une voie du périph’ aux transports en commun
Si elle est élue, la candidate envisage d’ouvrir « une concertation avec l’État pour reconfigurer le périphérique, qui serait « transformé en boulevard urbain ». L’idée de Nadia Pellefigue consiste d’abord à « dédier une voie du périphérique, ou quand c’est possible, la bande d’arrêt d’urgence », aux transports en commun.
#Municipales2020. @NadiaPellefigue présente son "plan d'urgence" mobilités. Outre les portes créées pour stationner aux entrées de #Toulouse, elle propose d'abaisser la vitesse sur le périph' (70 km/h) et de consacrer une voie (ou bande d'arrêt d'urgence) au #transport en commun pic.twitter.com/qAptQAGsow
— Guillaume Laurens (@guillaurens) October 17, 2019
Lancer des navettes circulaires sur le périph’
Dans cette même optique de repenser le périphérique, elle mettrait en place une navette circulaire sur la rocade. Cette navette desservirait ainsi différents points stratégiques : les sept fameuses portes de Toulouse : la porte d’Albi, la porte de Narbonne, la porte d’Espagne, la Porte Ouest, la Porte du Gers, la Porte Ernest-Wallon et la Porte de Paris.
Abaisser la vitesse à 70 km/h sur le périph’
Surtout, Nadia Pellefigue souhaite abaisser la vitesse autorisée sur le périphérique, « probablement à 70 km/h », contre 90 aujourd’hui. La candidate défend : « La vitesse moyenne, aujourd’hui, à l’heure de pointe, est de 22 km/h ! Et sur un trajet entre Rangueil et Purpan, la portion la plus saturée, cela représenterait une perte de 2 minutes de trajet… ». L’enjeu est pour elle de « permettre une plus grande fluidité du trafic » et de « donner priorité au covoiturage ».
Prolonger le futur téléphérique aux métros
Dans la même veine, Nadia Pellefigue propose de « prolonger rapidement le futur téléphérique de l’Oncopole vers Basso Cambo d’un côté (pour une connexion avec la ligne A) et vers Montaudran de l’autre (pour une connexion 3e ligne), afin de réaliser la ceinture sud » de Toulouse.
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Créer 400 km de pistes cyclables « sécurisées »
Considérant que « faire du vélo ici relève d’un caractère intrépide », tant Toulouse « est très mal positionnée au classement des grandes villes les mieux dotées en pistes cyclables (8e sur 11) », Nadia Pellefigue propose d’aménager « des voies express vélos, vers les zones d’activités et d’emploi », la création « de vraies pistes cyclables en ville, sans discontinuités et sécurisées », mais aussi la mise en place de « stationnements vélo sécurisés ».
Nadia Pellefigue, qui s’est rapprochée de l’association 2 Pieds 2 Roues, table sur un projet de « 400 kilomètres » de nouvelles pistes cyclables sécurisées à Toulouse.
Expérimenter de nouvelles zones piétonnes
« On a tous en mémoire le spectacle de La Machine, où nombre de rues de la ville étaient piétonnes. Il faut que ça nous inspire ! », s’exclame Nadia Pellefigue. Pour « développer la pratique de la marche à pied », elle propose la création de zones piétonnes, à commencer par le Pont-Neuf et la rue de Metz, qui seraient réservés aux piétons, mais aussi aux vélos et transports en commun.
La candidate suggère aussi d’expérimenter « des zones piétonnes temporaires », certaines rues qui seraient fermées le week-end ou la nuit, « en concertation avec les habitants et usagers ».
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Revoir les sens de circulation
Nadia Pellefigue s’attellera par ailleurs à « revoir l’ensemble des flux automobiles et de transport collectif », en reprenant le modèle barcelonais des « superblocks ». En clair, il s’agit de « modifier le sens de circulation de certaines rues », ou de les mettre en sens unique, pour « pour récupérer des voies qui seront réservées aux transports en commun en site propre ». Dans cet esprit, l’urbanisme des voies pénétrantes à Toulouse serait également repensé, « pour les rendre plus accueillantes et plus fluides ».
Lancer une appli favorisant l’intermodalité
Considérant qu’il existe plusieurs applications pour les mobilités, mais qu’elles ne sont jamais connectées entre elles, elle envisage de « mettre en place un Maas (Mobility as a service), comme cela se fait à Oslo, Göteborg, Stockholm, ou Helsinki. La candidate détaille son idée : « C’est une appli qui permet de trouver son moyen de transport, quel qu’en soit le type en temps réel. En gros, une appli qui agrège les contenus de Tisséo, Voyages SNCF, Waze, Uber, des taxis, etc… Avec toujours le même but : réduire la place de la voiture en ville.
Encourager les trajets en train
À l’échelle de la métropole, Nadia Pellefigue juge essentiel « d’encourager le développement des ‘trains du quotidien’, partout où ce sera possible à court terme ». La vice-présidente de la Région – laquelle est compétente en matière de trains – l’avait déjà avancé : elle juge que l’idée de créer un RER toulousain est « à étudier ».
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Mettre en place « une tarification solidaire »
Nadia Pellefigue et son mouvement Une portent aussi l’idée d’instaurer « une tarification solidaire ». D’après ce qu’elle projette, pour les abonnés de Tisséo, le tarif serait calculé en fonction des revenus, à l’exception des jeunes et des personnes handicapées. Elle propose aussi « un tarif unique de 10 euros par mois » pour les moins de 26 ans, étudiants ou non, « parce que c’est plus simple de changer les comportements chez les jeunes ». Également au programme : la gratuité pour les personnes en situation de handicap à plus de 50 % ; la gratuité pour 3 mois pour tout nouvel arrivant à Toulouse ; la gratuité les jours de pollution.
Tester le « mois sans voiture »
Pour « changer les comportements des Toulousains » et les inciter à prendre les transports en commun ou le vélo, elle compte lancer une « politique de sensibilisation à l’usage modéré de la voiture ». Cela va de « l’initiation à la pratique du vélo dans les CLAE », à l’organisation d’un « mois sans voiture » auprès d’un panel de 50 à 100 habitants, avec des aides incitatives ; en passant par des « dimanches sans voiture » en centre-ville. Sans oublier un plan de communication lancé sur l’autopartage, « pour inciter au covoiturage ».
Pousser pour une gouvernance unique des transports
Enfin, Nadia Pellefigue veut aussi rouvrir l’épineux dossier de la création d’un « organisme unique des mobilités, avec une nouvelle gouvernance ». L’idée ? Réunir la Métropole, les intercommunalités alentours, le Département de la Haute-Garonne et la Région Occitanie en une autorité organisatrice unique en charge des transports…
Quant à savoir comment financer tout cela, Nadia Pellefigue et Claude Raynal indiquent avoir « calculé le budget nécessaire » à ces projets, et entendent le dévoiler plus tard. Mais au vu du « coûteux projet » de 3e ligne de métro, cela passera, admettent-ils, par « retarder certains projets du Plan de déplacements urbains ».
Nadia Pellefigue poursuivrait la troisième ligne de métro, bien « qu’imparfaite »
« Les Toulousains ne pourraient pas supporter qu’on recule encore cette proposition », a estimé jeudi Nadia Pellefigue, au sujet de la 3e ligne de métro, indiquant qu’elle poursuivrait le projet si elle était élue au Capitole. Après avoir rappelé que ce serait « une solution insuffisante pour améliorer les conditions de transport dans la métropole », elle a toutefois pointé deux « incertitudes ». L’une sur le « calendrier » : elle a relevé « son ouverture relèvera plus certainement du prochain mandat que de celui qui s’annonce ». Sous-entendu : la mise en service prévue pour 2025 sera retardée… L’autre sur « le financement », qui « n’est pas complètement acquis », juge-t-elle : « Il nous reviendra de le sécuriser avec l’ensemble des co-financeurs et notamment l’État », a-t-elle avancé, tout en estimant que « le budget de 2,7 milliards atteindra probablement les 3 milliards ». Surtout, Nadia Pellefigue annonce d’ores et déjà la couleur : « Nous ferons un audit de la situation après les élections ».
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