
C’est un lieu où cohabitent sous le même toit artistes, artisans et organismes sociaux. La Menuiserie est pourtant méconnue des habitants de Vire Normandie. (©La voix Le Bocage)
De la rue de la Monderie, à Vire Normandie, où se trouve l’accès au site, peu d’éléments laissent penser que l’on est sur la bonne piste. Seul l’amoncellement des boîtes à lettres nous le fait deviner. Depuis cette rue, on y voit un ancien bâtiment construit en 1903. À l’époque – puis par la suite avec deux extensions en 1950 et 1993 – ce lieu n’était autre qu’une menuiserie. Le séchoir à bois, encore présent mais en totale décrépitude et qui sera prochainement détruit, est le dernier témoin de cette activité artisanale passée.






Faire revivre une friche
Pour le reste, ça n’a plus rien à voir. Fin 2017, alors que le site devient de plus en plus une friche comme il en existe tant à Vire, L’Étape décide de s’y installer. C’est Jean-Yves Patry, alors son directeur, qui est à la manœuvre : « On devait partir de là où on était, en lieu et place de la nouvelle pharmacie à Sainte-Anne », se rappelle-t-il :
On a eu l’opportunité d’intégrer la menuiserie pour avoir un loyer moins cher. Ça arrangeait tout le monde, dont la Municipalité qui faisait revivre une friche. Car, avant nous, beaucoup de projets n’avaient pas abouti ».
Sans attendre, tous se retroussent les manches et s’installent dans la partie administrative de l’ex-menuiserie, après des travaux bien venus. « Il fallait certainement être un peu inconscient au départ », reconnaît aujourd’hui Jean-Yves Patry qui a, depuis, quitté ses fonctions à L’Étape mais endosse celui de président de l’association Deux temps, qui gère le site. Tâche à elle, depuis, de rénover les lieux et de faciliter l’installation de nouveaux arrivants.

L’une des précurseuses est la plasticienne Iris Harivel, installée à La Menuiserie depuis trois ans déjà. Et aujourd’hui située dans l’une des dépendances. « Ce qui m’a poussée à venir ici ? Le fait d’être proche du centre de ville de Vire puisque je donne des cours d’arts plastiques et j’organise des stages d’émaillage. Puis ça m’intéressait d’être à côté du Lieu commun, la Cie de théâtre, pour qu’il y ait une forme d’émulation artistique », rappelle Iris qui, en tant qu’artiste, travaille la peinture, le cuivre découpé et l’émail sur cuivre, « c’est de la poudre de verre que l’on cuit sur des feuilles de cuivre ». Bluffant. (©La Voix Le Bocage)
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Social…
À l’époque, le Lieu commun et l’Atelier suspendu sont déjà présents. L’Étape arrive et, dans son sillage, s’installent le Spip (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) « qui accueille des personnes en travaux d’intérêt général » ; Cap emploi qui favorise l’insertion professionnelle des personnes handicapées et qui en fait la promotion auprès des entreprises locales ; Mobylis qui était la branche mobilité de l’Étape et qui est dorénavant autonome ; la partie administrative des Amis de Jean-Bosco, association qui vient en aide aux populations défavorisées. Puis, ponctuellement, La Menuiserie ouvre ses bureaux et ses espaces aux organismes de formation notamment et est disposée à louer à d’autres structures intéressées.
On le voit et Jean-Yves Patry ne le cache pas, l’aspect social est un étendard :
Ce sont des structures qui sont situées dans le domaine social ou culturel. On est bien là-dedans, dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’économie sociale et solidaire ».

Dernier en date à poser ses cartons à La Menuiserie, Antoine Coulombier, qui exerce le chantournage sur ardoise. À la recherche d’un atelier sur Vire – puisqu’il va ouvrir, avec sa compagne Ellie Benoit (notre photo), créatrice de bijoux en résine pigmentée, une boutique en centre-ville – son choix s’est porté en ces lieux. « On peut y créer un atelier de la dimension que l’on souhaite. Il faut une partie propre sans poussière et une autre destinée à la découpe et au ponçage. C’est ce qui nous a décidés », souligne Ellie. « Le fait d’être plusieurs artisans côte à côte, c’est parfait. C’est bien de croiser du monde et j’espère qu’il y en aura encore beaucoup d’autres à s’installer ». (©La Voix Le Bocage)
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…Et culturel
Deux installations sont en cours, Patrick Lechevallier et Antoine Coulombier (lire ci-dessous) et une est actée depuis le 15 septembre 2019. Il s’agit de Camille Devigne, maquilleuse de cinéma professionnelle, qui sort de l’école de Strasbourg. « Elle avait besoin d’un atelier. Elle cherchait un lieu. C’est ce genre de métiers que j’adore et que je veux générer ici. Quelque chose qui bouge », souhaite Jean-Yves Patry, qui ne s’arrêtera pas là. La culture fait partie de son ADN. Féru d’art et d’histoire, il projette d’ouvrir une galerie l’année prochaine. « Sur Vire, il y a peu de lieux dédiés », remarque-t-il :
Si on peut aller vers un art d’aujourd’hui, qui est figuratif, ce sera bien. Plus branché. Il y a beaucoup de gens qui bricolent dans leur coin et qui ne trouvent pas de lieux d’expos. Moi, ça m’intéresse ».
Et le nom du premier artiste invité est déjà acté. Ce sera Jean-Jacques Tachdjian.
Il a un art qui part dans tous les sens. Très coloré. C’est la pop culture. Même dans le bocage, c’est possible ».
Ouverture espérée de la galerie : printemps 2020.

Auparavant situé à Vire, dans deux boutiques, une fois place du champ de foire avec un cartonniste puis seul rue Deslongrais, Patrick Lechevallier a pris la décision de rejoindre La Menuiserie. « Après ces deux expériences qui se sont terminées fin 2016, je travaillais chez moi », détaille l’encadreur. « Je veux m’installer ici pour sortir de chez moi et retrouver le contact. C’est l’occasion de voir d’autres professionnels. Le lieu et l’atmosphère m’ont plu. Le 15 octobre, mon atelier sera prêt ». (©La Voix Le Bocage)