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Fin septembre, l’unique boulangerie de Saint-Julien fermera ses portes

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Jamel Saadaoui partira à la retraite à la fin du mois.

Jamel Saadaoui partira à la retraite à la fin du mois. (©Joffrey Fodimbi)

C’est une page qui va se tourner d’ici quelques jours au sein du village. Avec le départ à la retraite de Jamel Saadaoui, c’est une boulangerie qui ferme, mais surtout le départ d’un homme apprécié de ses clients. Arrivé dans le Jura avec son épouse en juillet 2000, après une carrière de boulanger à Villefranche, le pâtissier de formation avait déjà eu de nombreuses vies.

Formé à Beaune, il débute dans l’hôtellerie-restauration, avant de faire une partie de sa carrière dans l’industrie agroalimentaire. Souhaitant retrouver le milieu artisanal, il se forme à la boulangerie, et après plusieurs années passées dans le Rhône, décide de s’installer à la campagne. « Nous voulions nous installer dans le Jura avec mon épouse, et nous avons saisi l’occasion de reprendre la boulangerie de Saint-Julien. »

Des journées à rallonge

Une boulangerie qu’il développe avec l’apport de la pâtisserie. « Je faisais également les tournées pour vendre le pain ; ma femme, elle, était vendeuse dans la boulangerie. » Mais en 2017, son épouse décède, laissant Jamel Saadaoui seul dans sa boulangerie.

« Si j’ai arrêté les tournées, je n’ai pas voulu fermer la boulangerie ; pour sa mémoire, et pour tous les habitants du village. »

Depuis, le boulanger de Saint-Julien fait tout lui-même. « Je me lève vers 3 heures du matin pour faire le pain, et à 8 heures j’ouvre la boulangerie pour faire la vente jusqu’à 19 heures. En parallèle je fais aussi le ménage, le rangement et l’administratif. »

Mais à 62 ans, et après plusieurs années d’un rythme acharné, Jamel Saadaoui ne se sent plus la force de continuer. « La santé et la fatigue générale me poussent à arrêter ; de plus j’ai eu une carrière longue qui m’a fait commencer à travailler à 13 ans. J’ai déjà repoussé deux fois mon départ à la retraite, en juillet 2018 et en avril dernier, mais là je ne peux plus tenir. »

Vers un manque de pain ?

Se pose alors la question de la reprise de son commerce, indispensable au village. « Depuis quelques semaines, je suis en négociation avec un boulanger du Jura qui voudrait racheter mon affaire ; mais je ne sais pas encore si ça va aboutir ou pas. Si personne ne reprend ma boulangerie, il y aura peut-être un dépôt de pain, mais pour les habitants ça ne sera pas la même chose. Je leur ai annoncé mon départ il y a un mois, et s’ils sont contents pour moi, ils s’inquiètent malgré tout pour leur pain et pâtisserie. Le maire aussi est venu me voir ; il est embêté par mon départ. »

Avec la boulangerie la plus proche située à 7 km, à Gigny, la situation risque rapidement d’être compliquée pour les Saint-juliennois.

Après toute une vie de travail, « malgré tout très heureuse », Jamel Saadaoui va bientôt déménager en Saône-et-Loire, « où nous avons construit une maison pour notre retraite avec ma femme. Désormais je vais pouvoir profiter de ma famille, de mes petits enfants ; également faire du sport et très certainement participer à la vie associative. Mais les clients me manqueront c’est sur ; ils sont devenus comme ma famille. »

 

Le maire cherche une solution pour l’avenir
Outre les habitants de Saint-Julien, s’il en est un qui est un peu plus perturbé par le départ de Jamel Saadaoui, c’est bien Frédéric Bride, le maire de la commune. « Depuis quelques semaines, certains de mes administrés me tombent dessus et sur les élus du conseil municipal, alors que nous n’y sommes pour rien dans le départ du boulanger ; je vous avoue que j’en ai un peu ras-le-bol. »
Pour lui, un premier édile n’est pas responsable de la fermeture d’un commerce de village. « Je fais tout pour que ça n’arrive pas. J’ai trouvé deux potentiels acheteurs, mais ils n’ont pas réussi à s’entendre sur le prix avec Monsieur Saadaoui. À mon avis, s’il ne le baisse pas, il n’arrivera pas à vendre sa boulangerie. »
En attendant, le maire a pour projet de mettre en place un dépôt de pain provisoire dans un commerce de la commune. « Et si à terme, il n’arrive pas à vendre sa boulangerie, nous en construirons une nous-même début 2020 dans le cadre du projet de Tiers-lieu, que nous revendrons ou mettrons en location par la suite. »
Autant de potentielles solutions que le maire expliquera à ses administrés lors d’une réunion publique devraient se tenir prochainement.

Lire aussi : Saint-Julien-sur-Suran dans l’incertitude face au départ à venir du docteur Redin


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