
Un exercice anti-terroriste a rassemblé 220 gendarmes du grand-Ouest, jeudi 26 septembre 2019, à Pontivy (Morbihan). (©Pontivy Journal)
Pontivy (Morhihan) a été choisi pour être le théâtre d’un vaste exercice anti-terroriste auquel 220 gendarmes de l’Ouest ont participé, jeudi 26 septembre 2019, en début de soirée.
Achevé d’une rafale de Famas
Il était 19 heures, hier, jeudi 27 septembre, lorsque trois hommes armés déboulent en trombe derrière le gymnase de Kerantré, à Pontivy.
À peine sortis de leur véhicule, ils tirent sur tout ce qui bouge.
Quelques jeunes tentent d’échapper au carnage.
Les cris de panique se mêlent aux détonations.
Les premières balles font leurs deux premières victimes.
Les terroristes avancent tranquillement en tirant.
Devant l’entrée de la salle de sport, trois autres personnes sont touchées. L’une d’elles est achevée d’une rafale de Famas.
Les trois hommes pénètrent dans le gymnase où se joue, ce soir-là, la demi-finale du championnat du monde de handball qui oppose les équipes nationales française et suédoise.
La salle est bondée. La prise d’otages peut commencer…







220 gendarmes et des lycéens
C’est ce scénario, écrit par les gendarmes du Centre d’instruction de Pontivy, qui sert de trame à l’exercice grandeur nature qui rassemble ce soir-là 220 gendarmes, venus de l’Ouest.
Le quartier est bouclé pour l’occasion. Quelques rares curieux qui tentent d’assister au déploiement des forces de l’ordre ont trouvé la parade pour être aux premières loges : le cimetière voisin…
Au-dessus, le vrombissement de l’hélicoptère de gendarmerie donne la touche dramatique nécessaire à ce script.
Les rôles principaux (public et joueurs) sont interprétés par des gendarmes et des élèves de terminale de la filière sécurité publique du lycée professionnel Saint-Joseph-La Salle, de Lorient.
Niveau ultime
Cet exercice est une première régionale dans le sens où on va faire venir ici l’intégralité des unités du GIGN. Ce soir, c’est le niveau ultime », explique le chef d’escadron Matthieu Abellard, adjoint du commandant du groupement de la gendarmerie mobile de Rennes.
Avec le major Michel Derudder, du Psig (Peloton de surveillance et d’intervention) de Dinan, le commandant Abellard sert de guide au petit groupe de journalistes.
D’autres invités, comme Christine Le Strat, le maire, Patrick Vautier, le sous-préfet, des élus, ou encore des pompiers, empruntent un autre circuit, à la suite du général Alain Pidou, commandant la région de gendarmerie de Bretagne.
On ne peut pas tout montrer aux journalistes… »
La procédure du SNI
Sur la partie technique, ce n’est pas un exercice hyper difficile. C’est plutôt celui commande l’exercice qui devra gérer les difficultés, car on lui donne des moyens dont il n’a pas l’habitude. »
Robots terrestres d’exploration, drone, hélicoptère, moyens acoustiques…
Sans oublier bien sur les différentes unités de la gendarmerie : groupement de gendarmerie du Morbihan, Peloton de surveillance et d’intervention (Psig/Sabre) de Rennes, escadron de gendarmerie mobile de Pontivy (EGM 13/3), une équipe cynophile pour détecter les explosifs, l’antenne de Nantes du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN).
Cet exercice permet de voir s’imbriquer les différents groupes de la gendarmerie : on a d’abord, la brigade de Pontivy, puis les mobiles, le Psig… On suit une procédure : le Schéma national d’intervention », ajoute le major.
Exécution et dénouement
À l’intérieur du gymnase, les preneurs d’otages exécutent cinq personnes.
Deux groupes de gendarmes interviennent immédiatement et neutralisent un des terroristes.
Son complice a réussi à s’enfuir et s’est retranché avec le troisième larron dans une autre salle avec une dizaine d’otages.
Les minutes passent.
Des explosions aux fenêtres détournent l’attention des deux terroristes.
Les gendarmes profitent de ces quelques secondes d’inattention pour donner l’assaut et « traiter » les deux preneurs d’otages.
Fin de l’exercice.

Le général Alain Pidou. (©Pontivy Journal)
Le sacrifice d’Arnaud Beltrame
« Ça a l’air facile comme ça, mais c’est un exercice très compliqué. Il faut savoir coordonner tous les moyens. Mais rien ne remplacera l’acte final qui est de monter à l’assaut et de neutraliser les terroristes », confie le général Pidou.
Qui ajoute :
Il faut faire ce genre d’exercice, car il faut se préparer. On se doit d’être prêts, c’est notre devoir. Je n’ai pas d’inquiétude particulière quant à une menace terroriste en Bretagne. Mais je vous aurais dit la même chose il y a deux ans en Midi-Pyrénées. La folie des hommes n’est pas maîtrisable… »
Le sacrifice du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui a succombé à ses blessures 23 mars 2018, à Trèbes, est dans toutes les pensées ce soir-là.
Vidéo : l’attaque des terroristes :
Vidéo : les derniers otages sont libérés :