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Essonne. Le chemin de croix des électrosensibles pour faire reconnaître la dangerosité des ondes

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De nombreuses communes de la Manche sont sans réseau depuis plusieurs jours.

De nombreuses personnes électrosensibles se sont réunies à Etampes mi-septembre (©Illustration/Pixnio)

« Combien de temps faudra-t-il encore pour que l’impact des ondes sur la santé et l’environnement, connu depuis le tout début du XXe siècle, soit pleinement reconnu et que de courageuses décisions de protection des populations soient enfin prises ? ». Par ces mots, Sophie Pelletier, présidente de l’association Priartem, l’un des principaux collectifs regroupant les électrosensibles de France ne masque pas son désarroi quand à « l’inaction des pouvoirs publics ». 

Plus de 5 % d’électrosensibles en France

Finalement assez peu connue du grand public, la notion d’électrosensibilité renvoie à la nette réceptivité de certaines personnes à l’égard des ondes, et à l’impact de ces dernières sur leur santé. Si aucune statistique réelle n’a pu être dégagée jusqu’alors, on estime que plus de 5 % de la population française seraient aujourd’hui victimes de troubles liés à leur exposition aux champs électromagnétiques.

De la simple migraine à l’apparition de symptômes associés à de plus sérieuses pathologies, les dommages causés par les ondes se révèlent bien loin d’être feints ou fictifs pour ceux qui les endurent au quotidien.

Irritabilité, insomnies et brûlures

« Les signes et manifestations sont très différents d’un individu à l’autre, précise Isabelle, correspondante départementale de Priartem pour l’Essonne. On peut noter pour les plus courants de fortes insomnies, de l’irritabilité, des brûlures, des problèmes de peau, des acouphènes, des troubles de la vue, de la mémoire, des fibromyalgies, ou encore des anomalies cardiaques » confie-t-elle.

« Des études de plus en plus nombreuses vont dans le sens de la cancérogénicité : stress oxydatif des cellules, dommages à l’ADN et des études épidémiologiques, ajoute pour sa part Sophie Pelletier. Le lien de causalité formel a été établi chez le rat par le programme américain NTP. Chez l’homme, l’incidence des tumeurs cérébrales ne cesse d’augmenter, y compris chez les jeunes, contrairement à certains discours se voulant rassurants, mais qui sont simplement trompeurs ».

La vie courante d’un individu électrosensible tient du vrai chemin de croix. « Je suis obligée de m’accorder des temps, certes très limités, de soumission aux ondes sinon je serais complètement isolée, explique Isabelle, atteinte par ce mal. Aujourd’hui, j’ai un mal fou à me déplacer, voyager, ou me rendre dans n’importe quel lieu public car tous les champs magnétiques s’y croisent, s’y réfléchissent, et que les zones blanches n’existent quasiment plus ».

Difficile d’établir les diagnostics

Établir des diagnostics incontestables apparaît néanmoins périlleux à l’heure où bon nombre de médecins manquent encore de sensibilisation au phénomène. Avec le recul, Isabelle comprend par exemple à peine aujourd’hui que les premiers sévisses des ondes sur son corps ont probablement débuté une dizaine d’années auparavant, avant que le couperet ne tombe et qu’elle mette enfin le doigt sur ses maux.

« J’ai mis du temps pour mon cas personnel, persuadée qu’il ne s’agissait que du téléphone mobile, indique-t-elle. Mais aujourd’hui, ce n’est pas rare de recueillir des témoignages où des personnes nous expliquent avoir eu la sensation de brûler de l’intérieur lorsque Internet a été installé chez eux en wifi ».

« Il faut réagir au plus vite »

Si l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a reconnu en 2018 la réalité de l’hypersensibilité électromagnétique, la justice française se démontre pour sa part encore frileuse sur la question. Elle n’a admis que tout récemment la causalité dans un accident du travail, une maladie professionnelle et dans plusieurs contentieux sur les compteurs Linky.

Ainsi, pour les électrosensibles, la principale question reste toujours celle de la reconnaissance du handicap vis à vis du monde professionnel, mais également des organismes sociaux.

Réunis à l’occasion d’une rencontre annuelle à Etampes, le 14 septembre dernier, une soixantaine d’entre eux a pu évoquer les problématiques liées à leur mal et glaner des informations sur les moyens de protection a mettre en œuvre pour se prémunir au mieux.

« A l’heure où tout concourt à faire augmenter considérablement les expositions de tous aux ondes, il est grand temps de collectivement prendre conscience du danger qui nous guette et de réagir au plus vite », conclut Sophie Pelletier.

(*) Priartem : Pour rassembler, informer et agir sur les risques liés aux technologies électromagnétiques. 

Emilie Gardes


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