
L’homme avait disparu de son domicile à Caen, le 15 août dernier. (©Liberté)
L’enquête sur le décès de Jean Ginda, cet habitant de Caen (Calvados), retrouvé mort dimanche 25 août 2019 dans un champ de Clinchamps-sur-Orne, à quelques kilomètres au sud de Caen, s’est accélérée en fin de semaine dernière.
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Tué avec un « Matador »
Jeudi 29 août, une femme de 48 ans a été interpellée par les gendarmes de la brigade du Hom et de la Section de recherches de Caen, et placée en garde à vue. Cette amie du défunt est soupçonnée de l’avoir tué avec un pistolet « Matador », utilisé pour l’abattage des animaux. L’arme appartenait à la victime, qui s’en servait pour abattre des moutons.
Au cours de sa garde à vue, la femme a reconnu être l’auteur du coup de pistolet mortel, mais a nié toute intention homicide. Carole Étienne, la procureure de la République de Caen, précise :
Elle affirme que le coup est parti de manière accidentelle.
Pour remonter jusqu’à cette femme, les enquêteurs avaient recueilli de nombreux éléments. Sur le lieu de la découverte du corps, des indices laissaient apparaître que Jean Ginda avait été déplacé avec un véhicule, après son décès. Le cadavre avait été dissimulé dans un buisson de ronces.
L’heure du crime connue avec précision
Pratiquée en début de semaine suivante, l’autopsie a mis en évidence la cause de la mort. Le corps de la victime présentait un choc frontal, « qui pouvait correspondre à un Matador« , indique Carole Étienne.
Les enquêteurs ont aussi pu s’appuyer sur l’heure du crime. Celle-ci avait été enregistrée avec précision par…le pace-maker de Jean Ginda. Le Caennais de 74 ans est mort le jeudi 15 août 2019, entre 14h et 15h.
Par recoupement, notamment de téléphonie avec l’entourage du défunt, les gendarmes ont pu établir qu’il se trouvait à ce moment-là en compagnie de cette quadragénaire et de son compagnon, un homme de 55 ans, à leur domicile de Condé-en-Normandie. Ils avaient passé un moment ensemble à Croisilles. C’est là, sur un terrain où la victime élevait des poules, que Jean Ginda avait été vu vivant pour la dernière fois. Les trois amis seraient ensuite allés déjeuner à Condé-en-Normandie. Le témoignage d’une connaissance du couple a conforté cette piste.
Un suicide sème le trouble
L’affaire se complique un peu plus, lundi 19 août 2019, quatre jours après la mort de Jean Ginda. Ce jour-là, le compagnon de la mise en cause a mis fin à ses jours, dans l’Orne. Quelques jours plus tard, ses obsèques ont été interrompues par la justice, afin de procéder à des vérifications. Si la thèse du suicide ne fait aucun doute, la raison de ce geste fatal constitue un nouveau rebondissement. Carole Étienne explique :
Il aurait été victime d’un chantage de la part de son compagne, et d’un autre homme, venu vendre de la cocaïne à la quadragénaire.
L’objet du chantage ? L’intégralité du butin volé à Jean Ginda, entre 5 et 10.000 euros. Connu pour se promener régulièrement avec de grosses sommes d’argent en liquide, le Caennais de 74 ans aurait été tué pour son argent.
Un autre homme écroué
La femme de 48 ans, connue de la justice pour des histoires de stupéfiants, a été mise en examen pour assassinat, tentative d’extorsion, destruction par incendie (sa voiture avait été retrouvée brûlée à Clécy), vol en réunion et provocation au suicide. Elle a été incarcérée.
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Son dealer, complice présumé pour le chantage de son compagnon, a été mis en examen pour tentative d’extorsion, provocation au suicide et non-dénonciation de crime. Cet homme de 37 ans a également été écroué samedi soir.
Une information judiciaire a été ouverte. Le juge d’instruction désormais en charge de l’enquête devra notamment procéder à une confrontation, les versions de deux mis en examen présentant des divergences.
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Nicolas Claich