
Dimitri montre l’endroit précis où il a trouvé trois chatons abandonnés, dans le chemin de la Fuie des Vignes, à Alençon (Orne).
Si Dimitri a accepté de témoigner, c’est avant tout parce qu’il veut « éveiller les consciences ». Pour que la triste expérience qu’il a vécue « ne se reproduise plus ».
C’est aussi pour cela qu’il a laissé un message sur une page Facebook, consultée par de nombreux habitants d’Alençon (Orne).
Des couinements dans le fossé
Dans ce texte, il s’adresse à un inconnu qui a « abandonné lâchement » trois chatons. Un geste qui a obligé le jeune homme à, « pour la première fois de [sa] vie, aider des petits êtres à trouver le sommeil éternel ». Il a écrit ce texte à 2 h du matin car le jeune homme, encore marqué par son geste inéluctable, « ne parvenait pas à trouver le sommeil ».
Samedi 10 août 2019, en fin d’après-midi, l’Alençonnais de 28 ans va « se dégourdir les jambes ». Il est accompagné de sa compagne, de leur petite fille et de leur chienne. Comme très souvent, ils se rendent au chemin de la Fuie des Vignes, un endroit calme, isolé de la circulation et surtout à quelques minutes de leur lieu d’habitation.
Mais à peine rentrés sur le chemin pédestre, les promeneurs entendent « un couinement », dans le fossé. « On s’est dit que cela devait être une souris ou un autre petit animal sauvage. »
Trois chatons en souffrance
Curieux, Dimitri se met à chercher, et trouve l’origine de ce bruit mystérieux. Ce n’est pas une souris, mais un chaton.
L’animal est seul, « mal en point », mais le jeune homme et sa compagne se disent qu’il est encore possible de le sauver. Ils s’apprêtent à le ramener chez eux, lorsqu’ils entendent de nouveaux couinements.
« Cette fois, c’était en contrebas du chemin ». Dimitri descend dans les herbages et trouve un sac plastique « à moitié éventré. » À l’intérieur, deux autres chatons, en grande souffrance.
« L’un des chatons avait une grave blessure au niveau de la cuisse, et l’autre avait l’arrière-train plein d’asticots… »
L’abandon ne fait aucun doute
Selon lui, les chatons étaient nés depuis quelque temps déjà. Leur état lui fait même dire qu’ils devaient être là « depuis un ou deux jours. »
Si, à la découverte du premier, le couple a émis l’hypothèse qu’il s’agisse d’un chat sauvage, la présence du sac, « que les chatons étaient parvenus à ouvrir », ne fait aucun doute.
« Quelqu’un est venu les abandonner ici. Nous sommes à l’entrée du chemin, à quelques mètres du parking. C’est probablement quelqu’un qui a voulu aller vite pour ne pas être vu. »
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« Du dégoût et de la colère »
« Nous avons tout de suite eu un sentiment de dégoût et de colère vis-à-vis de cette personne qui les a balancés là », se fâche Dimitri.
« Je suis très proche des animaux. Comment peut-on les abandonner et les condamner de la sorte ? »
Choqués, les deux jeunes gens s’efforcent de trouver une solution pour sauver les chatons. Ils appellent la mairie d’Alençon, fermée à cette heure-là, la police, « que nous n’avons finalement pas voulu déranger pour une telle histoire », une amie, qui a des contacts avec des refuges, et enfin, un vétérinaire de garde…
Ce dernier leur fait comprendre qu’il n’y a plus rien à faire pour les pauvres bêtes. Elles sont condamnées. Il faut les euthanasier.
« Cela représente des frais pour le vétérinaire, c’est normal. Il a essayé de nous aider comme il a pu, mais je crois qu’une euthanasie coûte 50 € par animal, je ne pouvais pas me permettre de dépenser autant d’argent pour trois chatons qui ne m’appartiennent même pas. »
Un animal, des responsabilités
Il finit par se résoudre à « libérer » les pauvres bêtes de leur souffrance.
« Jamais je n’aurais imaginé avoir à tuer des animaux. »
Au-delà de l’abandon des animaux, Dimitri dénonce « une méthode lâche, lamentable » et veut faire passer un message.
« Il faut bien réfléchir avant de prendre un animal. Ce n’est pas seulement une mignonne petite boule de poils. »
« Cela amène aussi des responsabilités. Il faut bien se dire qu’il faudra l’assumer et s’en occuper toute l’année. Et si on veut éviter de se retrouver avec des petits sur les bras, la stérilisation est nécessaire. S’il est trop tard, il existe toujours des solutions pour s’en débarrasser sans les faire souffrir », clame-t-il.