
Les huiles essentielles doivent permettre de limiter les nuisances olfactives de l’élevage de canards. (©dr)
Les odeurs produites par un élevage de 27 000 canards opposent depuis quelques semaines le camping à la ferme The Vintage Trailers et le Gaec des Touillères à Talmont-Saint-Hilaire, commune voisine des Sables-d’Olonne, en Vendée.
L’affaire a été examinée au tribunal des Sables-d’Olonne ce lundi 5 août.
Depuis plusieurs années, la ferme de Jean-Francois André et Virginie Rouzeau accueille des vacanciers dans des caravanes américaines en aluminium dans un décor inspiré des grands espaces de l’ouest américain. L’établissement permet aussi d’accueillir de l’événementiel (séminaire, mariage, fête).
Jugement en référé
Mais, en juin dernier, à 100 mètres de chez eux, ouvrait un élevage de 27 000 canards, installé dans trois bâtiments. Les fortes températures de juin et de juillet conjuguées aux vents ont généré de fortes nuisances olfactives. Des nuisances jugées tellement importantes et préjudiciables à leur activité par les exploitants du camping à la ferme qu’ils ont décidé de saisir la Justice.
L’affaire a été jugée en référé le 29 juillet par le tribunal des Sables-d’Olonne. Le responsable du Gaec avait mis en avant le lourd investissement représenté par cet élevage et avait promis
d’installer des brumisateurs avec des huiles essentielles afin de neutraliser les mauvaises odeurs.
Une semaine plus tard, le tribunal devait établir si les mesures prises étaient suffisantes.
Des huiles essentielles contre les nuisances
Le tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne s’est donc réuni ce lundi 5 août pour se pencher de nouveau sur le dossier. L’audience n’aura duré que quelques minutes, le temps pour l’avocat de Jean-François André et Virginie Rouzeau d’informer le tribunal de l’évolution de la situation.
Depuis le lancement de la procédure, « la canicule a cessé et les vents ont tourné », note Geoffroy de Baynast. L’exploitant a en outre procédé à des aménagements devant faire cesser les nuisances. Il a installé des brumisateurs diffusant des huiles essentielles. Testé en Bretagne, ce dispositif coûterait environ 20 000 euros.
Le trouble anormal du voisinage ne perdurant pas, le tribunal a procédé au retrait du rôle. La procédure est ainsi suspendue. Mais elle pourra reprendre aussitôt si de nouvelles nuisances sont constatées et ce , durant une période de deux ans.
« Un élevage industriel »
Jean-François André et Virginie Rouzeau se réjouissent de l’issue de cette affaire. Mais ils n’entendent pas passer pour des urbains ne pouvant supporter les désagréments de la vie à la campagne. Si leur exploitation accueille quelques caravanes, ils rappellent qu’elle demeure une ferme avant tout.
Cela fait quinze ans que nous vivons à la campagne. Mais cet élevage est à l’échelle industrielle.

Les bâtiments remplis de canards, vus depuis la terrasse devant les caravanes américaines. (©Journal des Sables)
« L’agriculture prise pour cible »
Jean Gréau, du Gaec des Touillères, revendique pour sa part son antériorité sur le lieu-dit. Mais il dénonce la rapidité et l’importance de la procédure menée par ses voisins avec lesquels il estimait avoir jusque là de bons rapports. Il s’étonne d’un tel revirement et ne décolère pas.
J’ai fait tout ce que j’ai pu pour empêcher les nuisances mais on ne m’a pas laissé le temps de procéder à tous les aménagements.
Jean-Luc Gréau pointe du doigt un mauvais procès fait au monde agricole :
L’agriculteur est encore pris pour cible. La profession n’a pas besoin de ça. Je voudrais qu’on laisse les agriculteurs travailler.