
Les huit représentants de Génération.s qui ont été désignés par les militants pour discuter avec les autres partis et collectifs, afin de construire un rassemblement à gauche ». (©Guillaume Laurens / Actu Toulouse)
« On ne rentre pas dans le processus de désignation d’Archipel Citoyen. Pour autant, on ne rompt pas les discussions déjà engagées pour rassembler la gauche et les écologistes à Toulouse ». C’est ainsi que la conseillère municipale Isabelle Hardy, entourée de l’ancien maire PS Pierre Cohen et de l’ex-figure des Motivé-e-s Salah Amokrane, a résumé mercredi 10 juillet 2019 la stratégie du mouvement Génération.s pour les Municipales 2020 dans la Ville rose.
Privilégier « l’intelligence collective des partis »
Tous trois font d’ailleurs partie des huit représentants désignés lundi par les militants de Génération.s pour « discuter avec les autres partis et collectifs, afin de construire un rassemblement à gauche ». Car contrairement à Europe écologie, à la France Insoumise, ou encore au socialiste Romain Cujives, qui ont déjà rejoint Archipel Citoyen, ils considèrent (un peu comme Nadia Pellefigue et le Parti socialiste, mais aussi Pierre Lacaze et le Parti communiste) que « l’intelligence collective des partis » doit primer. Dixit Pierre Cohen, qui appelle dans le même temps à « dépasser les querelles de boutiques ».
Sur la forme, les membres de Génération.s ne sont visiblement pas emballés par le processus de désignation cher à Archipel Citoyen, qui consiste notamment à tirer au sort un tiers de la liste parmi les électeurs toulousains… Pierre Cohen appuie :
Nous avons proposé de concevoir une liste où tout le monde se regrouperait, avec d’une part les partis, de l’autre les collectifs citoyens. Mais cela n’a pour l’heure pas abouti. C’est contradictoire qu’on ne puisse pas être présents avec les partis. Nous n’allons pas faire comme les Verts et se fondre individuellement dans un dispositif…
Salah Amokrane considère pour sa part que la construction de la liste intervient « trop tôt, à six mois de l’échéance », et s’interroge sur la place qui resterait pour d’éventuels partenaires souhaitant se joindre à l’aventure d’Archipel Citoyen.
#Municipales2020 à #Toulouse : @izahardy, @PCohen et le mvt #Generations annoncent qu'ils "ne rentrent pas dans le processus de désignation d'#archipelcitoyen. Pour autant, on ne rompt pas les discussions déjà engagees pour rassembler la gauche et les écologistes"#Municipales pic.twitter.com/duUFJyTmna
— Guillaume Laurens (@guillaurens) July 10, 2019
« La gauche écologiste doit retrouver du sens »
Génération.s incarnant à leurs yeux « le parti qui associe le social et l’écologie », les huit « représentants » du mouvement assurent donc que leur objectif est de « s’engager résolument dans le rassemblement », tout en faisant avancer leur propre écurie. Car comme en témoigne Pierre Cohen, ils entendent jouer un rôle dans la campagne :
La gauche écologiste doit retrouver du sens. Nous incarnons une histoire non négligeable à Toulouse. En 50 ans, c’est la seule fois où la gauche a été au pouvoir…
L’élu estime ainsi que la Ville rose sera « un vrai référentiel », pour savoir « s’il y a bien un sursaut à gauche ».
« Si le métro était le mode de transport qu’il fallait, ça se saurait ! »
Résumant l’action de Jean-Luc Moudenc au triptyque « privatisations, opportunisme et urbanisme », Pierre Cohen veut surtout en finir avec le « vrai libéral » qui lui a succédé au Capitole, où « l’argent accompagne la transformation de la Ville ». Sur le front des idées justement, Génération.s entend avant-tout se positionner sur « l’enjeu de la mobilité ». Pierre Cohen considère que la Ville rose a régressé en la matière : « Jean-Luc Moudenc est très fort en communication, mais il dupe les Toulousains sur la 3e ligne de métro, pour laquelle Toulouse n’a pas les moyens ». Il reste fidèle à sa ligne :
Si le métro était réellement le mode de transport en commun qu’il fallait, ça se saurait ! L’urgence, ce n’est pas la troisième ligne de métro. Mais d’aménager de nouveaux axes, pour les trottinettes et les vélos électriques par exemple.
Concernant les transports, Génération.s veut déjà « remettre en place les gratuités supprimées par Moudenc », avant de « lancer une étude » sur l’opportunité de les rendre entièrement gratuits, ou de mettre en place « une tarification en fonction des revenus ». Admettant s’être « loupé » sur le projet de BHNS aux dernières Municipales, Pierre Cohen veut cette fois se montrer « à l’écoute » du terrain, citant notamment le projet d’étoile ferroviaire. Le retour de la gratuité de la cantine pourrait également être au menu de la campagne…
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« Pourquoi pas être disponible ? » dit Pierre Cohen
Reste à savoir, si Génération.s s’inscrit dans un rassemblement avec les autres formations de gauche, qui incarnerait cette dynamique ? « Il n’y a pas eu d’émergence évidente », juge Isabelle Hardy. « Le cœur de la discussion, c’est quel va être le mode de désignation des candidats ». « Rien ne se décante », reconnaît également Pierre Cohen, avant de lancer :
Si Génération.s doit jouer un rôle et si cela passe par Isabelle ou par moi, pourquoi pas être disponible ? Mais nous n’en faisons pas un préalable au débat.
« Amusé » de voir que « tous les instituts évitent de me mettre dans les sondages », l’ex-locataire du Capitole relève que malgré tout, « la notoriété est encore là ».
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« Une alchimie détonante » autour de la droite à Toulouse
Considérant qu’une élection, « cela se construit dans les derniers mois », Pierre Cohen se dit « très serein ». Et ne perd pas de vue que « l’extrême droite augmente » d’un scrutin à l’autre, y compris à Toulouse, où elle reste toutefois bien plus faible qu’ailleurs. Et il prédit : « Si Moudenc est trop proche des Marcheurs, cela peut faire une alchimie détonante ». De là à en déduire que la gauche mise sur une triangulaire à Toulouse…
300 militants chez Génération.s
Né il y a deux ans, le mouvement Génération.s compte selon Isabelle Hardy et Pierre Cohen, tous deux anciens du PS, environ 300 militants à Toulouse. Ce nouveau parti politique, créé par Benoît Hamon après sa défaite à la présidentielle de 2017, se décline en six comités locaux dans la Ville rose.