
En 2011, les premiers tronçons de coque du nSuffren sont transférés vers le chantier Laubeuf. (©Naval Group)
C’est un moment symbolique, à haute portée stratégique et politique, que Cherbourg s’apprête à vivre ce vendredi 12 juillet 2019.Sur le site de Naval Group sera lancé le premier des sous-marins nucléaires d’attaque de type Barracuda. Le président de la République, Emmanuel Macron, et la ministre des Armées Florence Parly assisteront à la cérémonie.
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— Naval Group (@navalgroup) July 10, 2019
Pour les acteurs industriels de ce programme, cette cérémonie concrétise près de vingt années d’études et de production. Le lancement des études de faisabilité remonte à 1998, pour une notification du programme en 2006. L’année suivante était découpée la première tôle du Suffren.
Cherbourg a déjà lancé 107 sous-marins avant le premier Barracuda. Il n’empêche, la construction de ce qui est l’objet industriel le plus complexe à réaliser est toujours un défi. Hervé Glandet, le responsable navire armé sur le programme Barracuda pour Naval Group, le définit ainsi:
C’est un marathon qui se court au sprint. Avec en prime des cailloux plein le sac à dos !

Début 2018, après la fermeture de la coque, la physionomie du Suffren a bien changé. (©Naval Group)
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« Le Suffren présente une étonnante maturité »
Hervé Glandet a été nommé à Cherbourg début 2017. Il avait auparavant travaillé au CEA et à la Direction générale de l’armement. Et dans une autre vie, il avait été marin. Sous-marinier plus précisément, membre notamment de l’équipage d’armement du sous-marin nucléaire lanceur d’engins Téméraire, à la fin des années quatre-vingt-dix.
À son arrivée sur le chantier, l’intégration des modules et des équipements du sous-marin était réalisée à 90 %. Son rôle, résume-t-il, a plutôt été de donner vie au bateau, en faire un bâtiment prêt à prendre la mer. Pour y parvenir, il faut une coordination permanente, avec pour ligne directrice le planning, le respect des échéances
Le Suffren, c’est un gigantesque Meccano. Il a été ciselé à l’aune de tout ce qui se fait de mieux et, côté chantier, avec l’expérience acquise sur le Triomphant et les Scorpène. Nous n’avons pas utilisé de méthodes révolutionnaires : je parlerais plutôt d’une construction évolutionnaire, avec en particulier une généralisation d’un assemblage par modules.
Aujourd’hui, apprécie-t-il, les 3/4 des essais ont été réalisés dans la nef du chantier Laubeuf Laubeuf.
Au même stade, sur Le Terrible, seulement 10 à 15 % de ces essais étaient faits. A l’heure de son lancement, le Suffren présente une étonnante maturité.
Des épreuves de chasse à vide des torpilles ont été menées, le moteur diesel a été démarré, des communications satellites ont même pu être établies. La cuisine est aussi terminée. « On y a fait et mangé du pain, bu un café… Mettre en route ces installations a mobilisé toutes les équipes. Il faudra bien sûr aller vérifier les performances à la mer, mais je suis confiant », confie Hervé Glandet.
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Hervé Glandet, en combinaison, et l’un de ses adjoints, Thibault Lecuru, responsable du système d’exploitation qui permet de faire naviguer le sous-marin. (©Jean LAVALLEY)
Ce témoignage est extrait du supplément de 8 pages que La Presse de la Manche consacre dans son édition du 11 juillet à la construction du Suffren. C’est le premier sous-marin entièrement conçu avec des outils numériques, mais qui a fait appel aussi à tout le savoir-faire de Naval Group à Cherbourg. Et pour son premier « pacha », le Suffren représente « un tournant dans l’histoire sous-marine française.