
Depuis douze ans, la mairie de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) est dotée d’un dispositif spécifique d’accompagnement des personnes victimes de violences conjugales. (©Illustration Delphine Revol)
Protéger les vivants, avant d’en arriver au point de non-retour. Alors que le grenelle contre les violences faites aux femmes s’est ouvert mardi 3 septembre 2019, la mairie de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) s’est engagée dans cette lutte depuis plusieurs années. Dès 2007, elle s’est doté un dispositif d’accompagnement pour les personnes victimes de violences conjugales. Une mesure inédite dans le département.
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Reconstituer la chaîne
Le principe est pourtant simple : un agent de la ville est chargé de coordonner l’aide aux victimes de violences conjugales. « Quand je suis arrivé, aucun service spécifique n’était proposé. Or, c’est une mission qui relève d’une expertise essentielle », présente Nicolas Bouvet. Aujourd’hui, l’agent municipal coordonne l’ensemble des procédures et élabore les stratégies juridiques.
« On n’a fait que raccrocher les wagons »
Une fois la chaîne reconstituée, un meilleur accompagnement peut être mis en place. « C’est la seule façon de pouvoir donner des réponses rapidement », commente Olivier Klein, maire (LREM) de la ville. Désormais, agents de police, de la ville mais aussi écoles et médecins généralistes travaillent ensemble dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Une meilleure formation des professionnels
Une lutte qui passe également par une meilleure formation des professionnels. Sur ce volet, Nicolas Bouvet estime qu’un long chemin est encore à faire dans la société. Les associations féministes pointent du doigt l’accueil en commissariat. « Certaines voient leurs récits minimisés, sont culpabilisées, on leur fait comprendre qu’elles font perdre leur temps aux agents pour pas grand chose », indiquent-elles mardi dans une tribune sur France info.
A Clichy-sous-Bois, une partie du travail de Nicolas Bouvet a consisté à former les agents municipaux. « Les victimes ont besoin de savoir qu’elles seront entendues », commente-t-il.

Le service de prévention contre la violence faites aux femmes est situé au sein du pôle sécurité de la ville. (©DG/ Actu Seine-Saint-Denis)
Oser demander
Et selon l’agent, ça porte ses fruits. « Dernièrement, un agent du service logement a été en mesure de détecter et signaler une victime. Elle venait pour demander un logement pour une seule personne alors qu’elle était mariée. L’agent lui a alors demandé si elle subissait des violences conjugales et à partir de là, l’a orienté vers mes services », présente-t-il.
Une petite révolution : il y a encore quelques années, rares étaient les personnes qui osaient demander à une personne si elle était victime de violences conjugales. « C’est une question difficile à poser. Les gens n’osaient pas de peur de se retrouver avec un poids qu’ils ne se sentaient pas capables de gérer. Aujourd’hui, ils savent qu’ils peuvent se tourner vers moi et que ce n’est pas de leur ressort », explique-t-il.
C’est une question difficile à poser »
Aujourd’hui, l’agent gère 422 dossiers d’instruction de victimes de violences conjugales. « C’est terrible et en même temps c’est bien. C’est le signe que le bouche-à-oreille fonctionne et que les femmes osent enfin parler » conclut-il.