
Achères (Yvelines), ce midi. Les canons à eau étaient encore en action pour noyer les derniers « points chauds » de l’incendie survenu mercredi. (©78 actu/N.G.)
L’usine du SIAAP (le service public de l’assainissement en Ile-de-France) à Achères et Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), avait été frappée par un spectaculaire incendie sur les coups de 16h45 mercredi soir.
Un panache de fumée noire, visible depuis Sartrouville, Montesson ou encore Maison-Laffitte s’était alors dégagé de l’usine classée Seveso « seuil haut », par laquelle transitent 60% des eaux usées de la région parisienne, ce qui en fait la plus grande station d’épuration d’Ile-de-France.
Ce vendredi midi, une légère odeur de brûlé se dégage encore des ruines de ce site.
En arrière-plan, un bras articulé —le même qui a servi pour atteindre le sommet de la cathédrale Notre-Dame de Paris— au bout duquel est installé un canon à eau est en train de noyer les derniers « points chauds » du site de « clarifloculation », qui traite les eaux usées.
Christophe Betinelli, commandant des opérations pour le Sdis 78, raconte les dessous de cette intervention hors norme.
La difficulté de cette intervention est aussi liée aux problématiques d’alimentation en eau de ces établissements. On a dû procéder à une alimentation en Seine, avec un bateau-pompe ainsi qu’à une alimentation avec des motopompes dans les rétentions des eaux usées décantées pour pouvoir procéder à l’extinction du sinistre. »
Ce sont des cuves de chlorure ferrique qui ont brûlé à vive allure. Une forte odeur de plastique brûlé, ne présentant « aucune nocivité », selon la préfecture des Yvelines, a alors été ressentie.
Face à cette situation, le Siaap a redirigé les eaux usées sur cinq autres de ses sites, dont ceux de Triel-sur-Seine et de Colombes (Hauts-de-Seine).

Les pompiers étaient encore présents ce matin à l’usine SIAAP d’Archères, où s’est produit l’une des pires catastrophes industrielles de son histoire.
Durant le sinistre, de l’eau non traitée s’est déversée dans la Seine durant « deux heures » affirme le Siaap.
A aucun moment il n’y a eu de rejet massifs dans le milieu naturel », tempère cependant le directeur du site, Yann Bourbon.
Nous avons dû interrompre une partie de notre traitement mercredi de 17 h 15 à 19 h 30 à hauteur de 23m3/s soit au total 12% de l’eau traitée sur la journée. Ces eaux étaient tout de même prétraitées : tout ce qui flotte était enlevé ainsi que les sables et les graisses contenus dans les eaux usées », ajoute le responsable, qui promettait la mise en service d’un système de biofiltration pour ce début d’après-midi, après réception de groupes électrogènes.
« il n’y a pas de risques sanitaires » pour la population d’après le responsable.
Le milieu aquatique durement impacté
Une mortalité piscicole accrue a été constatée en aval du site à la suite de ce sinistre.
Le Siaap parle de « quelques dizaines de poissons morts, retrouvés sur un bras mort de la Seine à Herblay (Val d’Oise). »
D’autres communes sont touchées (Achères, Conflans, La Frette sur-Seine…).
Cet après midi, plusieurs dizaines de cadavres de poissons flottaient à la surface du fleuve sur les quais de Seine à Conflans, tout comme sur le quai de l’île du Bac, comme nous avons pu le constater sur place. « Ça commence à sentir… », décrit un habitant, qui a pu apercevoir « des poissons qui flottent partout »

De nombreux poissons flottant le ventre à l’air sont visibles sur les quais de Seine à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). (©DR)
Des mesures pour « limiter les impacts sur la qualité de l’eau » seront prises dans les prochaines heures
Cette mortalité serait liée à un manque d’oxygène contenu dans l’eau, conséquence de la présence de matière organique dans le fleuve.
Une partie de la station n’est plus opérationnelle, ce qui entraîne des rejets en Seine d’eaux partiellement traitées. Et comme le niveau de l’eau est très bas car nous sommes à l’étiage, ce sont des eaux chargées », décrit Claire Grisez, directrice adjointe de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (Driee).
Cette dernière promet d’« examiner toutes les mesures qui pourront être prises très rapidement pour limiter les impacts sur la qualité de l’eau ».
Un arrêté de mesures d’urgences est en cours de rédaction à ce sujet.
Lundi prochain, un nouveau point sur la situation est prévu à la sous-préfecture de Saint-Germain-en-Laye, en présence des élus des villes concernées ainsi que des associations environnementales des communes environnantes.