
Pierre Sennes, procureur de la République à Nantes. (©Press pepper)
Le présumé pyromane suspecté d’avoir allumé vingt-trois départs de feux depuis le 7 décembre 2019 dans des immeubles du centre-ville de Nantes, a été présenté ce jeudi 9 janvier 2020 à un juge d’instruction afin d’être mis en examen pour « destruction volontaire par incendie » a-t-on appris de l’agence Press Pepper.
Ce sans-domicile fixe de 37 ans devait être présenté dans la foulée à un juge des libertés et de la détention (JLD) pour savoir s’il sera placé en détention provisoire dans le cadre de l’enquête, comme l’avait demandé le parquet, mais le débat devrait être reporté en raison de la grève des avocats contre la suppression de leur caisse autonome de retraite.
Rattrapé par des violences conjugales
L’homme dormira en tout état de cause ce jeudi soir en prison, puisque le procureur de la République a mis à exécution une peine de trois mois de prison ferme qui avait été prononcée cet été en son absence pour des violences conjugales.
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Le suspect, qui n’a pas pu s’exprimer faute d’avocat, a simplement fait savoir qu’il « contestait totalement » les faits qui lui étaient reprochés, a indiqué le procureur de la République Pierre Sennès, lors d’une conférence de presse.
Des « éléments objectifs » (ADN, téléphonie mobile, vidéosurveillance…) permettent toutefois de lui imputer avec certitude une partie des vingt-trois faits, selon le magistrat. « C’est un beau succès d’enquête, car cette affaire a suscité de l’émoi chez nos concitoyens », a déclaré Pierre Sennès. « Il fallait aller vite, c’était une sorte de course contre-la-montre. »
« Les conséquences humaines auraient pu être dramatiques »
Ces faits se sont produits pendant les fêtes de Noël, à une période où les gens se trouvent chez eux… Les conséquences humaines auraient pu être dramatiques »,
a confirmé Mathilde Lechauve, cheffe de la sûreté départementale. « Les premiers faits étaient dans des caves et garages, puis ensuite dans des commerces, et enfin dans des paillassons… On se rapprochait de plus en plus des logements », a fait remarquer Elsa Guyon, la vice-procureure qui a suivi l’enquête.

Un des incendies dont la responsabilité est imputée à cet homme (©Police nationale Loire-Atlantique).
Plusieurs centaines de milliers d’euros de dégâts
Le suspect, pour sa part, a déjà été condamné quatre fois, pour « outrages » et « violences » mais jamais pour de telles « dégradations ». Ses précédentes condamnations ne faisaient pas état de consommation d’alcool ou de stupéfiants.
« Quand il a été interpellé, il était à jeûn », a relevé Angélique Gendrot, l’officier de police judiciaire qui a dirigé l’enquête.
C’est quelqu’un de très propre sur lui, on ne peut pas deviner qu’il est sans abri. Il dort dans des cages d’escalier ou chez des amis de circonstance, au petit bonheur la chance. »
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Les différents incendies, signalés d’abord dans les quartiers sud de Nantes puis Malakoff et enfin Canclaux-Mellinet, n’ont pas fait de blessés mais ont généré en tout état de cause au moins « plusieurs centaines de milliers d’euros » de dégâts. Une boulangerie a notamment été entièrement détruite par un incendie, et un couple a dû être relogé.