
Jusqu’au vendredi 28 juin 2019, la Cour d’assises du Calvados juge un couple de parents, dont le nourrisson de deux mois était décédé après avoir été secoué, en avril 2016. C’est ce que confirme l’autopsie. Illustration. (©Adobe Stock)
À Caen (Calvados), la Cour d’assises du Calvados examine depuis ce mercredi 26 juin 2019 et jusqu’au vendredi 28, une affaire particulièrement tragique concernant la mort d’un bébé de deux mois à Caen, le 23 avril 2016.
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Dans le box des accusés, Patrick*, le papa de 28 ans du nourrisson décédé, est poursuivi pour « violences habituelles sur un mineur de 15 ans ayant entraîné la mort ». On le suspecte d’avoir porté des coups à son enfant et de l’avoir secoué. Incarcéré depuis les faits, il est également poursuivi pour des violences similaires datant de 2013 avec syndrome de « bébé secoué » sur son premier enfant, aujourd’hui âgé de six ans, mais placé depuis ses deux mois.
Aude*, la maman des deux garçons, également âgée de 28 ans, comparaît elle aussi devant les Assises du Calvados pour « non-dénonciation de mauvais traitements » et « non assistance à personne en danger ».
« Cela laissait penser à un secouement violent »
Ce jeudi 27 juin 2019, le médecin du service de réanimation pédiatrique du CHU de Caen qui avait signalé le décès du nourrisson en avril 2016 au procureur de la République a été auditionné.
Au vu des symptômes, le diagnostic le plus probable était la maltraitance et le syndrome du bébé secoué. Cela laissait penser à un secouement violent. J’étais en devoir de prévenir la justice, indique-t-il à la barre de la Cour d’assises.
Le médecin décrit le syndrome du bébé secoué par des lésions cérébrales et des hémorragies en fond d’œil, « mais pas de signes de maltraitance de manière externe ».
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17 de ses 24 côtes fracturées
Les radiographies pratiquées au cours de l’autopsie ont confirmé les soupçons du médecin, montrant des hématomes et des fractures. Au total, 17 de ses 24 côtes ont été fracturées en plusieurs endroits.
S’il nie toutes violences sur l’aîné, Patrick en reconnaît sur le nourrisson décédé : des gifles, des secouements ou « un petit coup de tête ». Dans sa déposition faite devant la police, l’accusé convient que les violences ont duré sur « trois semaines, un mois ». Pourtant, à l’audience, Patrick change de version : il n’a secoué son nourrisson qu’à une reprise, « un ou deux jours » avant sa mort.
Les conclusions du médecin légiste contredisent les propos de l’accusé
Une deuxième autopsie de certains organes et fragments osseux du bébé de deux mois est pratiquée par un médecin légiste du CHU d’Angers. Les conclusions du praticien contredisent la thèse de l’accusé.
Il existe plusieurs épisodes de violences et de secouement, au minimum deux. Les blessures expliquent le décès et témoignent du syndrome du bébé secoué.
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Des hémorragies dans les deux yeux sont confirmées par l’étude au microscope. Dans le cerveau, deux types d’hématomes sont repérés : une partie avec des saignements récents datant de 24 à 48h avant le décès et une autre datant de 6 à 7 jours avant. Enfin, l’étude des côtes fracturées révèle des faits plus anciens, estimés « entre une à deux semaines » avant le décès.
« Le dernier secouement est à l’origine du décès »
L’expertise médicale confirme également que « le dernier secouement est à l’origine du décès » et a entraîné « un arrêt cardio-respiratoire » dans la foulée, soit le vendredi 22 avril 2016, jour où le SAMU est dépêché sur place pour secourir le bébé, qui décédera le lendemain au CHU. Des détails qui mettent à nouveau à mal les propos de l’accusé, qui indiquait n’avoir réalisé aucune violence le 22 avril.
Le procès se poursuit encore ce vendredi 28 juin. Le père encourt jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle pour ces faits, ainsi que 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende pour les violences commises sur son premier enfant.
*prénoms d’emprunt