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Essonne. Ils prostituaient de force une jeune fille de 16 ans à Grigny

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Les deux jeunes proxénètes ont été condamnés au tribunal correctionnel de Melun

Les deux jeunes proxénètes ont été condamnés au tribunal correctionnel d’Evry (©Illustration-AdobeStock)

Ils l’ont appelé « elle » ou « la fille »,  sans jamais la regarder, ni la nommer comme si elle n’avait aucune existence ou qu’elle ne représentait rien. Ils ont nié l’évidence, menti avec aplomb, minimisé leur implication, ce qui a conduit leurs juges à les condamner sévèrement ce mercredi 20 novembre aux environs de 20 heures.

Leur victime, Alice* avait tout juste 16 ans quand elle les a croisés un après-midi d’errance dans les allées du centre commercial d’Evry 2 au mois de mars 2017.

Victime d’une agression sexuelle

Pour la troisième fois depuis le début de l’année, Alice était en fugue. Alice est un peu fragile. Elle entre dans l’adolescence écartelée entre son besoin de protection et ses velléités d’indépendance. Elle fuit Mennecy et les rapports conflictuels qu’elle entretient avec ses parents.

Un peu perdue et naïve, elle se laisse embobiner par les deux prévenus qui lui promettent un travail. Très vite, ils l’entraînent dans un appartement du quartier du Champtier du Coq à Evry où ils l’agressent tour à tour sexuellement.

Privée de sa carte d’identité et de son téléphone, Alice se retrouve dès le lendemain à se prostituer dans une chambre de l’hôtel Ibis de Grigny où, sous le pseudonyme de Lara, elle enchaîne presque dix passes par jour avec des clients qui l’ont repéré sur une annonce publiée sur le site Vivastreet.

« Je ne la connais pas »

Encore aujourd’hui, Alice a des difficultés à raconter ce qu’elle a vécu. Après son témoignage à huis-clos, elle s’est penchée vers son avocate assise sur le banc des parties civiles en lui murmurant à l’oreille : « J’ai pas pu parler, » comme si son récit était encore trop douloureux.

Mais ses silences finalement avaient peu d’importance face aux preuves accablantes qui pesaient sur les épaules des deux prévenus. Joachim *, 21 ans, a un casier judiciaire chargé qui comporte déjà vingt mentions. Il y a à peine un mois, il a été condamné à deux ans prison pour proxénétisme aggravé. Il se contente d’un « je ne la connais pas » quand la présidente l’interroge sur les 144 communications échangées avec la jeune fille pendant le temps des faits.

Marouane*, sur un ton encore plus froid et distant, est resté dans le même registre que son complice. L’annonce passée depuis l’ordinateur de son domicile, ce n’est pas lui. L’agression sexuelle toujours pas. Son implication dans les faits de prostitution encore moins, rendant ardue la défense de son avocate Me Cruzillac.

Une entreprise « d’indignité »

Lors de ses réquisitions le procureur de la république a rappelé que c’est à la suite d’une longue enquête et d’une instruction minutieuse et circonstanciée que les deux prévenus ont été poursuivis. « Les faits sont ignobles. Il n’y a rien de plus abject que se faire de l’argent sur le dos d’une gamine paumée et en perdition. Vous avez été à la tête d’une entreprise d’indignité. Vous êtes des misérables », leur-a-t-il lancé en réclamant 8 ans d’emprisonnement ferme pour Joachim et 6 ans pour Marouane.

Maître Ka, comme sa consœur, ont bien essayé d’apporter un éclairage plus nuancé sur la réalité de ses trois journées, le tribunal a tout de même condamné Joachim à 6 ans de prison avec mandat de dépôt et son complice à 4 ans d’emprisonnement.

* les prénoms ont été changés.


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