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Val-d'Oise. Forêt de Pierrelaye-Bessancourt sur la plaine, cette fois c'est bien parti !

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La forêt de Pierrelaye, d'ici vingt à trente ans, au niveau de l'A115 à Bessancourt.

La forêt de Pierrelaye, d’ici vingt à trente ans, au niveau de l’A115 à Bessancourt. (©(© Smapp).)

L’aménagement d’une forêt de 1 350 hectares, sur la plaine polluée de Pierrelaye-Bessancourt, c’est quelque chose d’unique en France depuis plusieurs siècles.

Lire aussi : Pierrelaye-Bessancourt : une forêt va pousser sur la plaine polluée

Le chantier durera dix ans au moins. Il vient de recevoir un avis favorable sans réserve du commissaire-enquêteur.

Prochaine étape : la Déclaration d’utilité publique du préfet (Dup).

Lire aussi : Val-d’Oise. Les premiers arbres de la forêt de Pierrelaye plantés à la Sainte-Catherine

Les premiers arbres seront plantés le 25 novembre par le Smapp (syndicat mixte d’aménagement de la plaine de Pierrelaye) porteur du projet.

Trois parcelles ont été retenues, du côté de la ferme de la Haute Borne à Méry-sur-Oise, à Saint-Ouen-l’Aumône et Herblay-sur-Seine du côté de la Seine.

Lire aussi : Le projet de forêt de Pierrelaye menacé par les installations illicites ?

Le projet de forêt sur la plaine de Pierrelaye-Bessancourt avance aussi sur le plan administratif.

Le projet annoncé par l’État en 2011, dans le cadre du Grand Paris, a reçu un avis favorable du commissaire-enquêteur, suite à l’enquête publique qui s’est déroulée du 5 juin au 5 juillet derniers.

Dans un contexte mondial de changement climatique, on imaginait mal qu’un tel projet, de nature à capter le carbone et à offrir des espaces de respiration aux habitants de la périphérie de Paris, soit refusé.

Le projet consiste à planter un million d’arbres (600 hectares de nouveaux boisements).

La forêt s’étendra sur 1 350 hectares. 370 hectares sont déjà boisés, mais ils devront être restaurés. Des clairières seront conservées, d’autres seront aménagées. Elles occuperont 250 hectares.

« L’économie repartira »

La plaine de Pierrelaye-Bessancourt, sur 2 000 hectares, a été en grande partie polluée aux métaux lourds, suite à un siècle d’épandage d’eaux usées de la ville de Paris. L’agriculture maraîchère y a été interdite par le préfet en 1999.

L’activité agricole qui subsiste (maïs) est vouée à disparaître.

L’avis favorable a été donné sur les deux volets du dossier : celui relatif à la déclaration d’utilité publique (valant mise en compatibilité des Plu) et celui lié à l’enquête parcellaire, nécessaire à la maîtrise du foncier.

Le commissaire insiste sur le fait que ce projet de « renaturer la plaine », de faire une « liaison verte » entre les forêts de L’Isle-Adam et Saint-Germain-en-Laye, de « gérer les pollutions et les occupations illégales de sols » et enfin « d’améliorer le cadre de vie des habitants », présente « indéniablement un caractère d’intérêt général ».

Le recours à l’expropriation sera-t-il nécessaire ?

Oui, car ce territoire comporte environ 6 000 parcelles, dont 45 % appartiennent à des propriétaires publics, ce qui a permis au maître d’ouvrage d’ouvrir des négociations amiables avant de demander la Dup.

Le coût global, estimé à 84,5 millions d’€, prenant compte des acquisitions, des indemnités d’éviction, des frais de procédure, « n’est pas excessif ».

Le chantier qui va démarrer doit durer dix ans.

Pour le commissaire-enquêteur, ce projet aura un impact sur l’économie locale, qui « repartira d’un autre pied ». Selon lui, on peut espérer voir se développer une activité commerciale en soutien au tourisme local. Un projet qui « nécessitera de la présence humaine : habitat, hôtellerie et maraîchage de proximité ».

8 000 à 10 000 logements aux franges de la forêt

On rappelle que le projet s’accompagnera de 8 000 à 10 000 logements aux franges de la forêt. L’État l’a exigé.

Le commissaire-enquêteur relève que l’atmosphère de l’enquête a été « sérieuse et courtoise » et la mobilisation du public « forte ».

Sur 212 contributions, le commissaire a relevé 66 avis, dont 10 défavorables. Ni la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (Driee), ni la Chambre d’agriculture, ni l’Agence régionale de santé n’ont fait d’observation.

 

Des gens du voyage inquiets
La question des gens du voyage, présents en nombre sur la plaine (on parle de 1 500 à 2 000 caravanes), a été abordée au cours de l’enquête publique.
170 familles seront impactées par le projet. Le commissaire-enquêteur a reçu des voyageurs inquiets, affectés par la « perte de leurs repères, de se retrouver sur une terre qu’on leur présente comme polluée, ainsi que le changement d’école ».
Les représentants de deux associations de défense, l’Advog (Association départementale des Voyageurs-gadjés) et Apatzi (Association protestante des Amis des Tziganes) ont été accueillis.
Si « l’impact social » du projet est certain, il reste « surmontable », selon le commissaire-enquêteur, qui rappelle qu’une surface de 3,3 hectares est prévue pour relocaliser les voyageurs.
Selon le commissaire-enquêteur, cette surface apparaît néanmoins insuffisante et il propose de laisser les voyageurs de Bessancourt (chemin de la Chasse, chemin de Pontoise) sur leurs emplacements.
Des relogements se feront dans le parc social traditionnel, sur des terrains familiaux ou adaptés, dans les opérations immobilières aux franges de la forêt. Une nouvelle Mous (maîtrise d’oeuvre urbaine et sociale) sera engagée par le Smapp.
Les terrains où seront réinstallés les voyageurs seront dépollués. Trois points ont été définis à Pierrelaye (lieux dits La Croix René, le Trou Poulet, les Nouvelles Frances).
Le commissaire-enquêteur a entendu aussi les agriculteurs, qui ont décrit « leur profond regret de voir disparaître leur patrimoine agricole ». L’aménageur n’ayant pas de foncier pour procéder à un échange, il faudra recourir à l’indemnisation. Il y a aussi des particuliers en limite d’emprise qui verront disparaître leur maison. Il cite enfin deux apiculteurs qui perdront leurs ruchers.

 

La pollution et la santé…
Le sort des ouvriers durant le chantier d’aménagement : quelles conséquences en cas d’inhalation ou d’absorption de terre polluée ? Le risque est jugé « faible », même s’il sera « prudent d’effectuer des test de saturnisme périodiquement ».
Le commissaire-enquêteur évoque la question aussi pour la population qui viendra en forêt : « Comment venir à bout des 15 000 tonnes de métaux lourds dont fait état l’étude de l’Inra de 2004 ? Phytoremédiation ? Chaulage ? »
Cette deuxième option a été privilégiée. C’est une technique de traitement à la chaux. Elle limite l’acidification des sols, qui peut favoriser la migration des polluants vers les couches souterraines.
Des campagnes se feront tous les cinq à dix ans. Une étude a montré la compatibilité des usages futurs de la forêt avec la pollution des sols. Les quelques secteurs vraiment à risque, limités à 21 hectares, seront interdits au public.
Les arbres seront choisis de manière à limiter l’acidification. Enfin, des panneaux rappelleront de ne pas ramasser ou consommer tout produit de la forêt (champignons ou autres), ni bien sûr d’ingérer de la terre…

 

 


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