
Serge Simon chez Muriel et Christian Vallée des éditions Concept image, une histoire de Percherons ! Un magnifique ouvrage à glisser sous le sapin… (©Christian Vallée)
Pour un photographe, bénéficier d’un point de vue comme celui où Serge Simon a élu domicile est tout simplement une bénédiction. Un panorama offrant une vision à une bonne vingtaine de kilomètres à la ronde sur son promontoire de Sérigny, désormais Belforêt-en-Perche (Orne).
Serge Simon sort ces jours-ci un superbe ouvrage, Rencontres, photographies humanistes en même temps qu’une exposition à découvrir du 15 novembre au 30 décembre 2019 à l’Espace photo du Perche à Bellême.
Le temps d’un week-end
Le Perche, Serge Simon l’a découvert avec son épouse il y a bientôt vingt-sept ans. Originaire du Poitou, il a débarqué à Paris dans les années 70 et puis, un beau jour de 1993, il tombe amoureux de la région à l’occasion d’un reportage photo à la Ferme des Gaillons près de Mortagne-au-Perche.
On en avait un peu marre de la vie parisienne, en fait tout s’est décidé en un week-end, on s’est déniché ce havre de tranquillité avec surtout ce point de vue exceptionnel où les chevreuils s’en donnent à coeur joie ! »
Pour l’ancien photographe animalier qu’il a été, bien évidemment un vrai paradis !
Le voyage, le voyage, le voyage !

Berbère dans le sud de la Tunisie, image symbolique de la dimension humaniste de ses oeuvres. Ce patriarche au regard perdu vers l’immensité désertique, à quoi pense-t-il alors que, dans son pays, la veille, la Révolution de Jasmin venait de se déclencher. (©Serge Simon)
Serge Simon débute sa carrière dans le dessin industriel mais très rapidement s’essaie à la photographie. Pas tant comme une fin en soi que comme l’occasion de mettre en image les rencontres d’exception qu’il peut faire un peu partout dans le monde.
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Car, avec son épouse Dominique, qu’il a rencontré à Dakar, il est un infatigable baroudeur. Le couple nourrit une vraie passion mutuelle pour les voyages. Avec l’Afrique comme fil rouge où il photographie des paysages, des animaux sauvages et bien évidemment des peuples.
Très vite, en revenant avec ses pellicules – il n’a jamais arrêté sa passion de l’argentique du reste ! – il se rend compte du potentiel de sa collecte. Dans les années 70 ils sont très peu en photographie animalière et ses reportages séduisent, comme il le relate :
J’ai vendu des reportages animaliers à Télé Poche par exemple qui en était très friand. Il faut voir que c’était payé quasiment l’équivalent d’un mois d’un salaire moyen ! La photo animalière a été une de mes passions, mais pour en faire de belles il faut énormément de temps, bien étudier les comportements… »
Les plus belles complicités : avec les femmes
Il est de ces photographes qui ont trouvé dans la photo le moyen d’immortaliser leurs sensations, les rencontres incroyables à l’autre bout du monde. Pas de shooting frénétique. Leica en bandoulière, discrétion assurée, il est en immersion dans des tribus du Mali, des ethnies de Birmanie, des castes en Inde.
Avec un sourire, du respect, il se pose, échange, partage.
La barrière de la langue peut assurément être un sacré frein, mais on finit toujours par se comprendre. Ce qui est amusant c’est que les plus belles complicités viennent avec les femmes, partout dans le monde. Et là, leurs regards sont exceptionnels, leurs pauses sont parfois dignes de mannequins et sans jamais rien demander ! »
Pas d’image choc, de misérabilisme

Un ouvrage aux éditions Concept Image qui rend hommage aux superbes tirages argentiques noir et blanc (©DR)
Chacune de ses photos est une histoire, leur histoire.
Avec Rencontres, photographies humanistes, Serge Simon offre un retour sur images de tous ses voyages de ces quinze dernières années, lorsqu’il a eu envie de se remettre au noir et blanc, sa première passion, à l’image des grands noms qui l’ont toujours fasciné : Cartier-Bresson, Boubat…
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Depuis 2004 il s’est rendu deux fois en Mongolie, trois fois en Inde mais aussi au Mali, Niger, Tchad, Pologne, Birmanie, Iran… Il en a ramené des images somptueuses, prises sur le vif, sans mise en scène si ce n’est celle qui se fait naturellement. La lumière ou le cadre ne se prête pas bien, il se déplace et immortalise ces instants avec une focale courte, 35 ou 50 mm, autant dire très proches de la vision de l’oeil humain.
Pas de téléobjectif dans son fourre-tout, ses modèles d’un instant sont complices, un sourire ou un clin d’oeil ouvrant tellement de portes.
Quand un sourire ou un clin d’oeil changent tout
Bien évidemment aujourd’hui, avec les situations géopolitiques tendues ici ou là, certains pays ne sont plus vraiment accessibles.
Mais je n’ai jamais ressenti de tension ces quinze dernières années. Il y a même certains pays comme l’Iran où l’on est bluffé par l’accueil et le mode de vie loin des clichés qui peuvent être véhiculés. J’ai d’ailleurs très envie d’y retourner, en Birmanie aussi car je pense que ce pays va se métamorphoser très vite. Non, je n’ai jamais perçu de haine, sauf dans le visage de certains Amérindiens, ils ont tellement dérouillé ! »
Le livre de Serge Simon a été édité aux éditions Concept Image de Saint-Martin-du-Vieux-Bellême, créée par Muriel et Christian Vallée.
█ Pratique : Format du livre : 28 x 28 cm, 168 pages, sur beau papier mat de 200g, couverture rigide. 144 photos noir & blanc en pleine page, sélectionnées parmi ses nombreux voyages, chaque photo étant commentée en fin d’ouvrage. 39 €.
Serge Simon dédicacera son livre le samedi 16 et le dimanche 17 novembre 2019 à l’Espace Photo du Perche – 9 rue Ville Close à Bellême. Pour en savoir plus c’est ICI. Exposition de ses photographies du 15 novembre au 30 décembre 2019.