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Seine-et-Marne. L'exposition Evolution à Nemours

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Patrick Gries

Pour Patrick Gries, l’homme est un animal comme les autres

Avec l’exposition Evolution, le musée départemental de la Préhistoire de Nemours bat des records de fréquentation. Cinquante clichés de squelettes de vertébrés en mouvement sur fond noir, signés Patrick Gries. Crânes de singes aux larges cavités orbitales, phalanges et omoplates d’orques ou de narval, etc. Dix ans après son inauguration, « Evolution » continue de défier le temps. Interview.

Quelle est l’origine de ce projet ?

Patrick Gries : Il faut remonter à 2005. A l’époque, je m’occupais du lancement du musée du Quai Branly qui n’existait pas encore. On m’avait demandé de photographier 2000 des chefs d’œuvre. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré l’éditeur Xavier Barral. Il voulait parler d’évolution à travers l’imagerie du squelette. L’idée s’est alors développée à une collaboration à trois personnes : Xavier Barral, donc, Jean-Baptiste Panafieu, un scientifique, et moi-même, photographe. C’est un vrai travail de collaboration entre la science et l’art. La photographie et la science ont toujours été liées.

Vous êtes devenu une référence dans le milieu du design et du luxe, notamment avec des projets pour la fondation Cartier, pour Vuitton ou pour Van Cleef. Y-a-t-il un point commun entre les photos de joaillerie et des squelettes vertébrés ?

Après le livre Evolution, le directeur de Van cleef m’a contacté pour éditer un livre de haute joaillerie. Il avait apprécié ma précision et le choix de la lumière. Le point commun, c’est le souci du détail, le travail d’artisan.

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(©Patrick Gries)

Comment avez-vous travaillé pour Evolution ?

J’ai travaillé pendant six mois au musée d’Histoire naturelle parmi d’autres musées, et tous les matins, avec Jean-Baptiste Panafieu qui s’est occupé du texte qui accompagne chaque photo, on faisait le tour du musée, une sorte de casting pour trouver les squelettes en bon état. Pour donner une impression de mouvement, on s’est servi de fils de fer, de vis, de ressorts. Mais les squelettes ne s’articulent pas, c’est très limité. Il fallait choisir l’angle et la lumière adéquates. Ensuite, on a procédé à un gros travail de retouche où on a retiré les fils, les ressorts et les fils, les planches de bois où les modèles étaient cloués. C’était vraiment une aventure !

Et au final, ça donne des photos d’où il se dégage une certaine beauté poétique…

Quand, autour de moi, je disais que j’avais réalisé un livre sur les squelettes, tout le monde pensait que ça serait sinistre. Mais la mort n’est même plus en question, il y a longtemps qu’elle s’est passée, on est bien au-delà. On est sur un objet. Finalement, les squelettes sont presque en vie. Dans cette exposition, la vie et la mort sont intimement liées. Et puis, le squelette, c’est l’architecture de notre corps.

Cette exposition invite à s’interroger sur l’évolution. Quelles conclusions peut-on en tirer ?

Que l’homme est un animal comme les autres et qu’il a pris énormément de place dans notre univers aujourd’hui. Et on en subit les conséquences. Quand ce livre est sorti aux États-Unis, le co-éditeur américain qui publie des pamphlets philosophiques, disait que ce qui l’avait motivé à sortir Evolution, c’était qu’il le voyait comme un livre politique. Je n’y avais même pas pensé. C’est, en effet, un engagement qui est évolutionniste et anti-créationniste.

aigle 3

aigle 3 (©Patrick Gries)

Pourquoi avoir opté pour le noir et blanc ?

C’est un choix esthétique qui s’est opéré rapidement. Certains squelettes n’étaient pas en bon état, avec des articulations jaunies. Mais on est tout de suite allé vers la pureté. Je suis quelqu’un d’assez minimaliste, ce qui m’intéresse, c’est de garder l’essentiel. Le noir et blanc a l’art de rendre les choses essentielles. On n’est pas dans des photos scientifiques mais dans des photos artistiques.

C’est quoi une bonne photo selon vous ?

C’est une photographie qui correspond à l’intention de l’artiste. Et puis, c’est une image qui va émouvoir les spectateurs, qui va faire que les gens s’arrêtent dessus puis y reviennent. Par exemple, cette dame vietnamienne qui apparaît sur la photo iconique de la guerre du Vietnam, cette petite fille qui court nue parce qu’une bombe au napalm vient d’être lancée. Ce cliché a touché tout le monde parce qu’elle est d’une grande intensité. Il n’y a pas une bonne photo mais des images fortes, qu’elles soient montées ou prises sur le vif. J’essaye de ne pas être fixé sur l’instant mais que ça soit intemporel qu’on la regarde aujourd’hui où dans dix ans, qu’elle provoque la même émotion.

Propos recueillis par

Vanessa ASPE-RELOUZAT

Encadré :

Infos pratiques

« Evolution », jusqu’au dimanche 3 novembre (hommage à Xavier Barral le 3 novembre), au musée de la Préhistoire d’Île-de-France, à Nemours.

Tarifs : 5€/€/gratuit pour les moins de 18 ans). Dès 7 ans. Le musée est ouvert tous les jours, sauf le mercredi matin et le samedi matin, de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30.

Tél. :01 64 78 54 80. Site : musee-prehistoire-idf.fr


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