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Dans l'Orne, avec les déchets du bâtiment, elle crée du mobilier design et des aménagements intérieurs

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A tout juste 26 ans, Léa Crédidio sait déjà les orientations qu'elle veut prendre avec son entreprise Projet Möbius en mettant en avant des valeurs qui lui sont chères

A tout juste 26 ans, Léa Crédidio sait déjà les orientations qu’elle veut prendre avec son entreprise Projet Möbius en mettant en avant des valeurs qui lui sont chères (©Laurent Rebours)

A tout juste 26 ans, Léa Crédidio affiche déjà une belle maturité dans ses projets professionnels et personnels. Elle vient de poser ses valises tout récemment à Alençon (Orne), hébergée dans les locaux de la pépinière numérique StarTech 61

Elle y a trouvé un site idéal pour sa toute jeune entreprise Projet Möbius qui s’est spécialisée dans la création d’aménagements intérieurs, de mobiliers design à partir de matériaux réemployés principalement des déchets du secteur du bâtiment.

Lire aussi : Anti-gaspillage : une application se démocratise dans le Perche sarthois

Une entreprise avec des valeurs

Un meuble créé à partir de bancs d'un temple récupérés ainsi que d'un boulier récupéré pendant la restauration d'une école. Des déchets repensés pour former un meuble de rangement et une caisse à jouer

Un meuble créé à partir de bancs d’un temple récupérés ainsi que d’un boulier récupéré pendant la restauration d’une école. Des déchets repensés pour former un meuble de rangement et une caisse à jouer (©Projet Möbius)

Originaire de Rouen (Seine-Maritime), Léa a d’abord fait des études à l’école d’architecture. Projet Möbius voit le jour à peine six mois après l’obtention de son diplôme. Elle présente sa démarche :

Je cherchais à travailler dans une entreprise qui affichait des valeurs car le non-respect de l’environnement me gênait dans la plupart des entreprises. On découvre par exemple souvent de grosses erreurs dans des commandes comme 500 mauvaises portes qui partent ensuite à la benne ! C’est d’un coût économique, environnemental et sociologique énorme ! »

Un gâchis énorme

Lorsqu’elle fait ses études, elle se rend vitre compte du gâchis considérable et surtout de l’absence quasi généralisée de réemploi des matériaux alors même que la pratique est ancestrale et que cela se pratique déjà dans d’autres pays.

Elle met le cap vers la Belgique et entre dans le collectif Rotor avant-gardiste dans ce domaine, où elle effectue un stage. De quoi la conforter dans ses convictions profondes d’autant que cela ne bougeait toujours pas dans l’Hexagone hormis dans de grosses agglomérations comme Bordeaux, Paris

Une étagère caisses à vin

Une étagère caisses à vin (©Projet Möbius)

Elle se lance en faisant du mobilier version récup’ comme elle l’explique :

Déjà, je le faisais moi-même avec mon propre mobilier d’intérieur car j’ai toujours eu la passion du bricolage et de flâner pour dénicher de bons plans ! »

Sur les réseaux sociaux, ses créations attirent les regards et les contacts, elle se prend au jeu et se met à participer à plusieurs concours régionaux et nationaux.

Lauréate de la Social Cup

Parmi ces concours, la Social Cup est en ligne de mire. Un concours national de jeunes entrepreneurs sociaux dans une douzaine de villes en France où chacun des cent soixante cinq participants défend son projet. Les projets retenus dans un premier temps font l’objet de « battles » où le public, les réseaux sociaux et un jury vote. 

Léa arrive seconde de l’édition 2017-2018 mais la première est finalement destituée ce qui la propulse en tête et lance pleinement le Projet Möbius.

Un effet boule de neige, les contacts affluent et elle se rend vite compte que tout son temps libre y passe. Elle travaille quatre jours en agence d’architecture alors et réserve une journée pour sa société « me faire plaisir et faire plaisir aux clients ».

Peu à peu, face aux demandes croissantes, elle réduit son temps dans l’agence et finit par arrêter la collaboration pour se jeter dans le grand bain. 

Une passion aussi pour les maths

L'assise de ce tabouret provient d'une chute de bois récupérée sur un chantier de construction pour fabriquer une barrière. L'ossature a été trouvée à côté d'une poubelle en centre-ville.

L’assise de ce tabouret provient d’une chute de bois récupérée sur un chantier de construction pour fabriquer une barrière. L’ossature a été trouvée à côté d’une poubelle en centre-ville. (©Projet Möbius)

Le Projet Möbius fait référence au ruban infini du mathématicien, clin d’oeil à l’une de ses grandes passions, les maths. « Ce ruban a aussi inspiré le logo du tri sélectif ! »

Comme elle est désormais à temps plein, elle dresse une cartographie de tous les professionnels susceptibles de créer des déchets autour d’elle, artisans, industriels… « Non seulement cela peut leur éviter le coût d’une benne mais c’est aussi valorisant pour eux d’entamer une telle démarche ».

Bois, verre, métal, céramique, sols, poignées… rien n’est laissé de côté pour la récup’.

Quand j’ai des projets avec des professionnels ou bien des collectivités, je peux leur apporter des solutions d’aménagement sur mesure et si j’ai besoin de matériaux, je sais désormais où aller les dénicher car il existe aussi maintenant des plateformes spécialisées. »

Dans ses cartons elle a déjà un partenariat avec un très grand groupe de BTP. En travaillant avec des professionnels ou des collectivités l’avantage réside dans l’obtention possible de subventions allant jusqu’à 70% par exemple par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

Un coup de coeur pour Alençon

Cette scénographie d'exposition pour l'université de Mont-Saint-Aignan a été réalisée à partir d'huisseries de portes réutilisées à la suite d'un chantier de réhabilitation. Une structure modulable.

Cette scénographie d’exposition pour l’université de Mont-Saint-Aignan a été réalisée à partir d’huisseries de portes réutilisées à la suite d’un chantier de réhabilitation. Une structure modulable. (©Projet Möbius)

Certes, Léa a fait ses valises pour la capitale ornaise pour y suivre son coeur. Mais pour autant elle avoue avoir vraiment flashé sur Alençon :

On y respire bien (sic), on y est super bien accueilli, il y a une vraie qualité de vie… j’ai vraiment l’impression d’être dans une bulle au calme, pas trop loin des grandes agglomérations. A voir si la politique de la Ville et du Département s’oriente vers des solutions responsables et j’y trouverai mon bonheur professionnel ! »

Léa a déjà planché sur Village By CA pour une salle créative ainsi qu’à l’université de Mont-Saint-Aignan pour une scénographie d’expositions.

A savoir : aujourd’hui ce sont 246 millions de tonnes de déchets qui sont fabriquées par an en France dans le seul secteur du bâtiment. 70% sont réutilisables. Le gouvernement avait fixé cet objectif de réutilisables en 2020, nous en sommes à 35%. 


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