
Le collectionneur plérinais Hervé Le Roch a reconstitué la quasi totalité de l’œuvre de Marcel Dirou. (©Le Penthièvre)
L’exposition Regards sur les Arts a consacré l’an dernier un petit espace de la Collégiale au mystérieux peintre Marcel Dirou qui a été pendant 35 ans professeur de Lettres au lycée Henri Avril à Lamballe (Côtes-d’Armor).
300 tableaux exposés
Cette année, ce sont 300 œuvres du prolifique artiste qui vont occuper la totalité de la Collégiale. Pour le plus grand bonheur du collectionneur plérinais Hervé Le Roch, admirateur inconditionnel de Marcel Dirou dont il a reconstitué la quasi totalité de l’incroyable production, plus de 2500 tableaux, en parcourant les hôtels des ventes.
Incroyable car Marcel Dirou est décédé en 2009 sans qu’on lui connaisse la moindre famille proche. Mais surtout sans qu’on sache encore à l’époque qu’il était peintre. Même son ami et collègue Yannick Pelletier ignorait ça de lui. Personne n’était admis à pénétrer dans son appartement de la place du Martray. Sa logeuse elle-même ignorait tout de son travail.
« On l’appelait le cow-boy »
Ses anciens élèves conservent de lui le souvenir d’un enseignant exceptionnel. Ses collègues avaient coutume de le surnommer le cow-boy. Il portait des Santiags, une vieille veste en cuir, des jeans et fumait des cigarillos. Mais absolument tous ignoraient qu’il peignait en secret.
Hervé Le Roch s’est pris de passion pour l’homme et son travail. Une œuvre torturée. Peut-être à cause d’un père raflé par la Gestapo et mort en camp de concentration parce qu’il fabriquait des faux papiers pour ceux qui fuyaient vers l’Angleterre. Un autodidacte qui a utilisé l’encre de Chine, le pastel gras, la mine de plomb, l’aquarelle, l’acrylique…
Entre Francis Bacon et Vincent Van Gogh

La production foisonnante de Marcel Dirou, 2500 tableaux, révèle une maîtrise parfaite de nombreuses techniques. (©Le Penthièvre)
Des expositions ont déjà eu lieu à Carantec, sa commune d’origine dans le Finistère, à Saint-Brieuc et à Étables. « J’ai vu des gens pleurer en sortant », raconte Hervé Le Roch. « Son œuvre est d’une très grande puissance émotionnelle. Je le compare à Francis Bacon ou à Van Gogh. »
L’édition 2018 de Regards sur les Arts a également porté ses fruits, révélant pour la première fois à Lamballe cette œuvre prolifique. L’occasion de rencontres rares et émouvantes aussi pour Hervé Le Roch. « Un homme de 90 ans s’est approché et m’a dit : j‘étais dans le même train que Jean-Louis Dirou (le père de Marcel, Ndlr), au mois de juin 1943 au départ de Compiègne pour le camp de concentration de Dachau… » De l’émotion aussi en pensant au destin étrange de ce peintre secret qui, tous les jours, passait devant la Collégiale pour se rendre à son lieu de travail. « Il se disait peut-être qu’il y aurait sa place un jour… »
Voilà en tout cas qui est chose faite. Outre les 300 tableaux exposés, les visiteurs pourront voir une reconstitution de son atelier. Et se procurer le livre « Dirou, l’énigme » d’Hervé Le Roch et Yannick Pelletier.
Du samedi 5 au dimanche 20 octobre, 7j/7 de 10h à 12h et de 14h à 18h, à la Collégiale de Lamballe, entrée gratuite.