
Une vingtaine de policiers d’Alençon, tous syndicats et grades confondus, ont manifesté leur ras-le-bol devant le commissariat d’Alençon, mercredi 2 octobre. (©L’Orne-Hebdo)
« Cette marche de la colère, dont le nom n’est pas anodin, est à l’appel de tous les syndicats de la Police Nationale et à destination de tous les corps et tous les grades ! C’est donc un signale fort dont il faut tenir compte. C’est vraiment, vraiment un appel au secours ! »
En tête de la vingtaine de policiers rassemblés sur les marches de l’Hôtel de Police à Alençon, ce mercredi 2 octobre à 10 h 30, Gilbert Grinstein, le directeur départemental de la sécurité publique, fait entendre son mal-être. Et celui de ses collègues.
Des officiers à la Police secours
Car, au commissariat d’Alençon, le manque d’effectif est une véritable source de difficultés.
« Il nous manque une quinzaine de policiers à Alençon. L’unité de police secours, chargée de l’ordre public et de la sécurisation, est passée de 12 à 4 hommes. Ce sont donc des officiers qui font le boulot des gardiens de la paix. Et le leur quand même ! Du coup, il y a une accumulation de fatigue des agents », détaille le patron des Policiers de l’Orne qui a fait face au suicide d’un de ses policiers, sur son lieu de travail, en décembre 2017.
52 Policiers se sont aussi donnés la mort cette année, en France.
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« Il manque 18 000 € pour finir l’année »
Les difficultés d’effectifs au commissariat d’Alençon ne datent pas d’hier. Mais remontent, a minima, à l’ouverture du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe en avril 2013, « qui devait engendrer des arrivées de poste », lâche un policier. « En réalité, il n’y en a pas eu et depuis l’ouverture de la prison, les effectifs baissent même ! «
Le recours aux réservistes ? « Je n’y ai normalement plus le droit mais il me manque 18 000 € pour finir l’année en raison notamment de la tenue des Assises en ce moment, de certaines manifestations aussi et du fonctionnement anormal des services. Donc j’empiète sur le budget de fonctionnement des réservistes pour faire tourner la maison », ajoute Gilbert Grinstein.
« Unis dans la lutte contre le suicide et les agressions »
Devant ces interrogations sans réponse, des Policiers de l’Orne se sont donc rendus à cette marche de la colère à Paris qui s’élance ce mercredi à 12 h 30. Ceux dans l’impossibilité de s’y rendre, se sont mobilisés, un bref instant, sur le perron de l’Hôtel de Police d’Alençon notamment.
Le tract de l’inter-syndical à bout de bras : « Tous les corps de policiers : actifs, ADS, administratifs, techniques et scientifiques, unis dans la lutte contre le suicide et les agressions, pour l’amélioration de la qualité de vie au travail, une véritable politique sociale pour les agents du ministère de l’Intérieur, une réponse pénale réelle, efficace et dissuasive, la défense de nos retraites et une loi de programmation ambitieuse pour un service public de qualité ! »
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Des policiers ne cachent pas une certaine inquiétude quand à leur devenir. « Avec le développement de la police privée, il y aura bientôt la Police des riches dans les villes riches et… débrouillez-vous dans les villes pauvres ! »