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Riquier Thévenin, seul producteur de houblon biologique certifié du Nord

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Riquier Thévenin s'est lancé dans la culture de houblon bio à Godewaersvelde (Nord), sur la route du Mont des Cats.

Riquier Thévenin s’est lancé dans la culture de houblon bio à Godewaersvelde (Nord), sur la route du Mont des Cats. (©Amandine Vachez/Lille Actu)

Mardi 10 septembre 2019, c’était le premier jour de récolte du houblon biologique, dans le champ que cultive Riquier Thévenin, à Godewaersvelde (Nord). Sur un terrain de 3 500 ha mis à disposition par le Département du Nord, le producteur a fait de sa passion son quotidien.

Une belle opportunité

« Ça faisait longtemps que j’avais envie d’être agriculteur dans les Flandres », nous a confié Riquier Thévenin. Lui qui est originaire de la ville voisine Méteren avait dans l’idée de faire partie de cette grande famille d’agriculteurs depuis plusieurs années.

« C’est difficile de trouver du terrain pour se lancer », assure le producteur, qui voit comme une grande chance la mise à disposition de cette parcelle d’espace naturel sensible départemental.

C’est une formidable opportunité pour commencer », souligne celui qui a d’abord testé l’opération dans son jardin. 

A quelques kilomètres de là, dans le corps de ferme familial, deux espaces verts ont en effet été transformés en houblonnières : « J’ai voulu tester pour savoir si j’aimais ça, et j’ai adoré ! »

Travail périodique

Riquier nous détaille les périodes qui marquent l’année, dans une culture de houblon. « L’année commence en mars. On installe le houblon à ce moment-là, à la sortie de l’hiver. D’avril à juillet, il grandit. En septembre, c’est la récolte, puis le tri et le séchage ».

Un rythme parfois calme et parfois intense, que Riquier a pris au fil des années, en cultivant des parcelles de plus en plus grandes.

Un produit fragile

Sur la parcelle de Godewaersvelde, trois variétés de houblon sont cultivées. « Des senteurs et saveurs différentes ressortent des variétés », nous explique Riquier, montrant ce qui diffère d’un plant à un autre. 

C’est une plante très sensible, qui attire certaines maladies. Il faut être très présent, bien surveiller », ajoute-t-il.

D’autant qu’en travaillant avec des produits naturels, éloigner les prédateurs n’est pas une mince affaire. Car l’autre menace qui plane sur ce type de culture, en plus des maladies et des caprices de la météo, est la faune. Les lapins sont cités en exemple. « S’il mangent l’herbe en bas des lianes, ça va. Mais s’ils commencent à trop remonter, ça peut devenir problématique ». 

Riquier Thévenin nous a présenté les différentes variétés de houblon biologique, qu'il cultive au Mont des Cats.

Riquier Thévenin nous a présenté les différentes variétés de houblon biologique, qu’il cultive au Mont des Cats. (©Amandine Vachez/Lille Actu)

Seul en région

Actuellement, Riquier est le seul à proposer du houblon bio certifié dans la région. Celui qui a « fait ses classes » en Belgique ne se voyait pas faire autre chose que de l’agriculture biologique. « Ça correspond à mes valeurs, je suis attaché à tout ce qui touche au développement durable, à la préservation de la planète », assure-t-il. 

S’il rêve un jour de pouvoir vivre de cette activité, il lui faudra du temps pour cela.

Je suis seul à gérer l’exploitation tout au long de l’année, mais j’ai du renfort. Simon, qui étudie l’agriculture, me seconde en ce moment. J’ai aussi de l’aide d’amis, de ma famille, et de beaucoup d’agriculteurs du coin.

Prêt de matériel, conseil, coup de pouce dans les moments intenses : ces derniers ont accueilli à bras ouverts leur nouveau camarade.

« A l’ancienne »

Riquier a choisi de cultiver son houblon « à l’ancienne ». Dans la cour de son corps de ferme, on découvre une presse à houblon des années 1960. Pour sécher le houblon récolté, il utilisait jusqu’à présent un séchoir fabriqué de toute pièce. Se présentant comme un tas de palettes de bois assemblées, cet outil est équipé d’un chauffage soufflant. Sur trois étages, le houblon est séché. « Cette petite machine permet de faire sécher environ 10 kg de houblon », détaille Riquier.

Aujourd’hui, ce n’est plus suffisant. Son père et un de ses amis travaillent avec lui sur une machine plus grande.

Nous avons récupéré un séchoir ancien, de type alsacien, et l’adaptons à notre usage. Ce n’est pas facile car les pièces ne sont pas standard. On doit tout adapter. Mais on est courageux et motivés !

Les brasseurs en demande

Si les agriculteurs ont bien accueilli Riquier, les brasseurs aussi ! Heureusement, car le houblon est quasi-exclusivement réservé à la confection de la bière. 

J’ai travaillé avec plusieurs brasseurs, déjà l’an dernier », spécifie Riquier. 

Des brasseries du Nord (Thiriez et Cambier) ont fait appel au producteur, mais aussi d’autres de la région parisienne et même de la Normandie. C’est avec les récoltes de son terrain qu’il a pu fournir ces brasseurs. Cette année, sur la parcelle de Godewaersvelde, il espère récolter 80, voire 90 kg de houblon. 

Ravi du résultat de ses premières récoltes, Riquier se voit bien continuer dans cette voie. Il a d’ailleurs été approché par le géant 3 Monts pour gérer sa houblonnière bio.

A le voir en parler, on ne doute pas qu’il est, dans ses champs, comme un poisson dans l’eau : « On n’est pas bien, ici ? », nous a-t-il lancé, sourire aux lèvres.

Pour notre part et pour reprendre une expression de nos amis belges, nul doute que la bière au houblon bio « made in » le Mont des Cats « ne goûtera pas pareil » que les autres.

Jean-René Lecerf et autres représentants du Département du Nord ont participé au tri des fleurs, pour la récolte du houblon, mardi 10 septembre 2019.

Jean-René Lecerf et autres représentants du Département du Nord ont participé au tri des fleurs, pour la récolte du houblon, mardi 10 septembre 2019. (©Amandine Vachez/Lille Actu)

« Une très belle réussite »
« Ici, c’est une très belle réussite », souligne le président du Département du Nord Jean-René Lecerf. Il se félicite du projet porté par son collègue Patrick Valois, vice-président en charge de la ruralité et de l’environnement au Département du Nord. « Cela permet, d’un côté, d’offrir une utilité aux terrains que l’on n’exploite pas, et de l’autre, d’offrir une chance à des jeunes de se lancer. […] On remet aussi à l’honneur le riche savoir-faire de notre région », souligne l’élu. Il voit, en cet investissement dans le développement de l’agriculture biologique, un moyen d’apporter une petite contribution à un mouvement général pour l’écologie. 


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