
La demande de familles ou de personnes qui souhaitent habiter en logement social explose. (©Habitat Toulouse / Illustration)
Le nombre de demandes de personnes et de familles qui veulent habiter dans un logement social est en forte augmentation depuis plusieurs années, à Toulouse comme en Occitanie. Tel est le constat dressé par l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) en Occitanie, l’organisation représentative des bailleurs sociaux sur le territoire.
145 000 demandes en Occitanie
« Le logement social en Occitanie, c’est 283 000 logements dans lesquels vivent 500 000 personnes. Fin 2018, on avait 145 137 demandes de logement en attente. Pour comparer, il y a 5 ans, il y en avait 117 000 », expose Jean-Michel Fabre, le président de l’USH en Occitanie. Comment expliquer une telle augmentation ?
Jean-Michel Fabre détaille :
La demande est de plus en plus importante et s’explique par plusieurs facteurs : la croissance démographique ne cesse de progresser tandis que la paupérisation s’accentue pour une partie de la population. 72% des demandeurs peuvent avoir accès aux logements qui ont les plus bas loyers en raison de leurs revenus. On a aujourd’hui des retraités qui sont en logement social car ils n’ont pas les moyens d’aller en Ehpad. C’est un phénomène nouveau.
Sur les quelque 145 000 demandes reçues par les bailleurs sociaux en 2018, 34 000 familles ont pu bénéficier d’un logement social, avec un délai moyen de 11 mois entre la demande et l’entrée dans le logement. « On reste à des niveaux de production très élevés, qui s’établissent à 10 227 logements par an », précise encore Jean-Michel Fabre. Mais le niveau de production, en baisse de 14% par rapport à 2017, est cependant très loin de compenser la forte demande.
Qu’en est-il à Toulouse ?
Qu’en est-il à Toulouse et en Haute-Garonne ? À elle seule, la métropole toulousaine, et ses 16 quartiers prioritaires de la Ville, concentre 32 760 demandes actives et 8 620 entrées dans les lieux. Dans les communes de Toulouse Métropole, qui comptent 63 471 logements sociaux, 153 616 habitants vivent dans le parc locatif social. 43% des ménages sont des personnes vivant seules et 22,4% sont des familles monoparentales. 14% des locataires ont moins de 30 ans, 77% des locataires ont entre 30 et 74 ans. 46% des ménages logés ont des revenus inférieurs à 40% des plafonds de ressources (676€ maximum par mois pour une personne seule, ou 1312€ maximum par mois pour une personne seule avec 2 personnes à charge).
Une production de logements en baisse
Il y a six mois, le représentant de l’USH avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, en expliquant que la baisse progressive des aides au logement (comme les APL) freinait les investissements. Six mois plus tard, le constat est toujours d’actualité : « Les bailleurs sociaux n’ont qu’une source de revenus : les loyers. Avec la baisse des APL, les bailleurs sociaux ont dû baisser les loyers, ce qui a entraîné une diminution de 5 à 8% de leur chiffre d’affaires. Il y a une réalité financière : il est plus difficile pour les bailleurs sociaux d’investir. Et en même temps, la demande de logement social est en hausse, tant en secteur urbain qu’en secteur rural », précise Jean-Michel Fabre.
Mais selon lui, cela n’empêche pas les bailleurs sociaux d’innover. L’USH a d’ailleurs mis en ligne sur son site Internet un Almanach recensant les opérations emblématiques réalisées ou portées par des bailleurs sociaux sur le territoire, en matière d’innovation architecturale, environnementale, sociale, locale ou économique.
Appel aux (futurs) élus
Pour autant, à six mois des élections municipales, Jean-Michel Fabre lance un appel aux (futurs) élus pour qu’ils soutiennent et accompagnent la production de logements sociaux dans les prochains mois : « Plus que jamais, à quelques mois des municipales, je lance, au nom des bailleurs d’Occitanie, un appel aux élus d’aujourd’hui et de demain, pour que nous travaillions ensemble et innovions, pour le bien-vivre des citoyens ».