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Les jeux en ligne, un atout dans les négociations avec les îles Anglo-Normandes ?

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Depuis la pointe de la Hague, Aurigny se dessine. Mais avec les "cousins" anglo-normands, les relations se tendent.

Depuis la pointe de la Hague, Aurigny se dessine. Mais avec les « cousins » anglo-normands, les relations se tendent. (©Jean-Paul BARBIER)

Outre-Manche, les Britanniques tardent décidément à se décider sur leur sortie, avec ou sans accord, de l’Union européenne. L’échéance, plusieurs fois repoussée, est maintenant fixée au 31 octobre.

« C’est le grand flou », a constaté le ministre de l’Agriculuture et de l’Alimentation Didier Guillaume. Jeudi 12 septembre, il était à Granville pour l’ouverture des Assises de la pêche et des produits de la mer. Face à quelque 450 acteurs de la filière, il a assuré que la pêche ne sera pas la variable d’ajustement de ce Brexit.

Une autre facette du Brexit

Face au ministre, les élus normands ont fait valoir une autre facette de ce Brexit, concernant l’accès aux zones de pêche autour des îles Anglo-Normandes. Celles-ci ne font pas partie de l’Union européenne, et dépendent directement de la couronne britannique.

Depuis 2000, les accords de pêche dits de la baie de Granville organisent la cohabitation entre les pêcheurs normands, bretons et jersais. Des accords souvent cités en exemple, mais que les Jersiais commencent à remettre en cause, accusant les continentaux d’un « soi-disant » pillage de la ressource.

Ce qui fait sortir Marc Lefèvre de sa modération habituelle :

Nous allons devoir nous exonérer de tout romantisme avec nos cousins…

Cette petite phrase vise aussi les « cousins » des îles de Guernesey et d’Aurigny. Les pêcheurs normands ont des rapports tendus avec eux. Depuis 1992, ils ont été exclus de deux zones de pêche sur lesquelles ils avaient pourtant des droits historiques, le banc de la Schôle et le haricot, dans l’Etac de Sercq, et ne l’ont toujours pas digéré.

Sauf que cette fois, Guernesey a besoin du continent. Plus précisément de son électricité.

Lire aussi : Le projet de tunnel entre les îles anglo-normandes et la Manche est relancé

Jusqu’à présent, Guernesey était branchée sur Jersey. Mais le câble est bon à changer, après avoir subi un court-circuit. Et sa capacité de 50 MW ne suffit plus face aux pointes de consommations sur Guernesey, évaluées à 86 MW et qui devraient atteindre 100 MW à l’horizon 2025. Pour le moment, ce sont des groupes thermiques, avec de fortes et coûteuses émissions de CO2, qui permettent de passer ces pics.

Pour sécuriser son approvisionnement et le diversifier, Guernsey Electricity projette un câble sous-marin entre l’île et l’anse de Sciotot, dans le Nord-Cotentin, un investissement de 100 millions d’euros.

« Prospérer dans un environnement stable… »

Cette augmentation de la consommation, selon Marc Lefèvre, serait notamment due aux sociétés de jeux en ligne, domiciliées à Aurigny, mais dont les gourmands serveurs sont hébergés par Guernesey.

C’est une activité qui s’est développée depuis une vingtaine d’années : des e-boomakers, mais aussi des jeux de casino… Les îliens y ont vu, avec un pragmatisme très britannique, un moyen de gagner quelques sous. 6,2 millions d’euros en 2018 pour les 53 licences attribuées, selon le rapport de l’Alderney Gambling Control Commission.

Son président, Lord Faulkner of Worcester, explique d’ailleurs dans le préambule de ce rapport :

Les opérateurs qui choisissent Aurigny le font dans la perspective de se développer et prospérer dans un environnement stable.

Les parieurs, avec de telles plateformes, se sont affranchis des frontières. Alors face à l’image de paradis fiscaux qui colle à ces îles, Aurigny affiche une politique de rigueur, la volonté de combattre le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme.

Côté normand, on n’entend pas les choses de la même manière. Le président de région, Hervé Morin, est sur la même longueur d’onde que Marc Lefèvre :

 Une discussion est un tout. Et même si nous avons des relations amicales, c’est un rapport de force qu’il va falloir établir avec les îles Anglo-Normandes. Il serait incompréhensible de satisfaire les besoins de Guernesey en électricité sans une contrepartie, le maintien et le respect des droits historiques de nos pêcheurs.

Le prochain sommet entre les îles Anglo-Normandes, le conseil départemental de la Manche et la région Normandie aura lieu mi-octobre à Cherbourg. Le ton est donné.

Le port de pêche et la criée de Granville. Les pêcheurs normands peuvent compter sur un soutien politique, avec des élus prêts à engager un rapport de force avec les Anglo-Normandes.

Le port de pêche et la criée de Granville. Les pêcheurs normands peuvent compter sur un soutien politique, avec des élus prêts à engager un rapport de force avec les Anglo-Normandes. (©Archives Presse de la Manche)


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