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Trouville. Élisabeth Schemla : « Christian Cardon doit dès aujourd’hui tourner sa propre page »

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Élisabeth Schemla : « Dans les six mois à venir, le républicanisme démocratique doit l’emporter pour que cette élection ne tourne pas à la foire d’empoigne et aux coups bas »

Élisabeth Schemla, membre de Trouville en Marche (Calvados) : « Dans les six mois à venir, le républicanisme démocratique doit l’emporter pour que cette élection ne tourne pas à la foire d’empoigne et aux coups bas » (©Le Pays d’Auge)

À sept mois des élections municipales, le doute plane sur ce que décidera Élisabeth Schemla, élue de l’opposition au sein du groupe « Trouville en Marche ». La journaliste et analyste politique s’exprime sur la situation trouvillaise actuelle.

Serez-vous candidate à l’élection municipale ?
Il y a un peu moins d’un an, je vous avais dit qu’il était trop tôt pour me prononcer. Qui pouvait imaginer ce qui s’est passé depuis ? D’abord, Christian Cardon adoube contre toute attente Sylvie de Gaetano. Quelque temps après, une autre candidature trublionne issue de la majorité, celle de Stéphanie Fresnais, fait irruption. Puis Olivier Linot, Directeur général des services depuis 20 ans annonce, lui, au début de l’été – créant un séisme à son tour -, qu’il quittera la mairie le 1er septembre, et juste précaution, n’est pas remplacé. Quant à Corinne Quemin, son adjointe, on sait moins qu’elle prendra sa retraite en juin 2020, soit trois mois après l’élection. Trouville vit un moment historique depuis deux siècles, pas seulement parce que s’achève le règne de 37 ans de Christian Cardon. C’est d’une certaine façon une ville étêtée. Deauville et la Communauté de Communes ont la loupe en main. À jeter un regard rétrospectif sur les neuf mois écoulés, sur le maëlstrom actuel, comment ne pas envisager que d’autres événements peuvent encore se produire d’ici la fin de l’année ? La sagesse, je crois, est de ne toujours pas se précipiter.

Lire aussi : Après 20 ans en tant que directeur général des services, Olivier Linot quitte la mairie de Trouville-sur-Mer

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?
Les choses sont claires du côté des oppositions, élues ou pas. Les socialistes disparaissent. Henri Luquet, « Trouville en Marche », mène avec détermination et ambition sa liste. Delphine Chavagné, pas encore déclarée, devrait être, elle, la tête de liste de « Trouville c’est vous », au badge jaune.
En face en revanche, c’est la confusion. La majorité a totalement explosé au visage du maire, en vérité par une étrange erreur de manoeuvre de sa part, provoquant humiliation et sécession dans ses troupes. Se dressent l’une contre l’autre deux candidates totalement différentes, dont l’une a, me semble-t-il, l’avantage d’êtreTrouvillaise, ce dont rêvent les Trouvillais. À cela, dans cette majorité, il faut ajouter les egos des uns et des autres qui, de chimères en déceptions, se disent « pourquoi pas moi ? » Je ne serais pas étonnée de voir arriver une troisième liste. Quatre listes, peut-être cinq bientôt, voilà qui est trop pour le prochain scrutin et pour 2 500 votants grosso modo. Christian Cardon n’a d’autre choix que de tenter un rapprochement au plus vite entre Sylvie de Gaetano et Stéphanie Fresnais s’il veut se sortir de ce mauvais caramel. Reste à savoir ce qu’elles lui répondront, déterminant.

Lire aussi : À Trouville-sur-Mer, la course à la mairie est déjà lancée

Quel bilan dressez-vous de l’ère Cardon ?
Le maire a incontestablement changé la station dans le dernier mandat et demi, en engageant des grands travaux qui ont métamorphosé la ville. Mais au prix d’une dérive considérable de la dette, au lieu de piocher – on se demande bien pourquoi – dans les fonds du Département et de la Région qui sont là pour financer des projets d’envergure. À qui veut l’entendre, il répète qu’elle n’a strictement aucune d’importance. Ce n’est pas mon point de vue. Chaque Trouvillais est fortement endetté sans en avoir conscience. Christian Cardon lègue à qui lui succédera un cadeau empoisonné à l’heure des diminutions de ressources des collectivités locales, et malgré les très bas taux d’intérêt. Cette dette empêche l’investissement, sauf à poursuivre l’endettement par l’emprunt bancaire. La vente des biens communaux à tire larigot n’est rien d’autre qu’une tactique d’endiguement de cette dette.
La méthode par ailleurs a été faite de beaucoup d’opacité. Il est vrai que pendant très longtemps le maire n’a eu qu’une opposition idéologique et non pas professionnelle, comme dans ce dernier mandat, et elle a secoué le cocotier exclusivement dans l’intérêt général. Ce n’est pas un hasard si lors du Grand débat l’information et la transparence sur le budget ont constitué l’une des principales revendications des Trouvillais. Enfin, l’exécutif a fonctionné politique et administratif confondus par le tandem maire-DGS. Or ils doivent être séparés, chacun à sa place. Dans la démocratie moderne, c’est le politique, donc les élus, qui commandent à l’administratif.

Que souhaitez-vous voir Christian Cardon faire dans les six derniers mois de son mandat ?
Le maire a mal préparé sa succession, il doit réussir la passation. Dans les six mois à venir, le républicanisme démocratique doit l’emporter pour que cette élection ne tourne pas à la foire d’empoigne et aux coups bas. Il passera la main à un ou une forcément novice qui devra arriver avec une direction administrative elle aussi nouvelle. Ce n’est pas une petite affaire. Ni pour l’élu ou l’élue, ni pour le personnel municipal. Christian Cardon a donné un mauvais signal pour commencer sa dernière année en mettant au service de sa candidate tous les moyens politiques, administratifs, financiers et médiatiques de la municipalité au détriment des autres candidats. Trouville en marche a saisi l’autorité étatique. Depuis le maire a en partie rectifié le tir. Tout se sait : il faudrait aussi qu’il cesse de continuer à distribuer des promesses de postes, de services, de privilèges aux uns et aux autres. Cet électoralisme classique, ici pour renforcer sa candidate fragilisée, n’est pas de mise en un moment aussi important. D’ici mars, le maire, qui a de l’honneur, pourrait suspendre toute décision. Dans la dernière ligne droite, Christian Cardon a-t-il le droit moral d’engager pour six ans l’avenir de celui ou celle à qui les Trouvillais donneront leur confiance pour la suite ? Je fais une proposition dans cet état d’esprit : qu’au terme de 37 ans de pouvoir, il réunisse les candidats lors de plusieurs sessions et leur présente un état des lieux honnête et rigoureux de chaque grand dossier, afin qu’ils soient tous à égalité d’information. J’allais dire de formation.

Lire aussi :  Des pratiques illégales en matière de campagne électorale à Trouville-sur-Mer ?

Quels dossiers voudriez-vous qu’il règle avant la fin de son mandat ?
Outre ce que je viens d’exprimer, qu’il arrête de vendre les biens communaux. Dernier exemple en date : la maison des saisonniers. Au nom de quoi et pourquoi, dans un dossier qui de surcroît a été totalement bâclé, vend-il le terrain à Inolya ex-Calvados Habitat au lieu de le conserver ? Pourquoi ne choisit-il pas une solution comme le bail à construction qu’il a utilisé pour l’Hôtel des Cures, ou le bail emphytéotique ? Qu’est-ce que cela cache ? Le maire veut aussi vendre le bâtiment de la police municipale depuis longtemps. Mais il n’a pas à le faire cinq mois avant l’élection, comme il va vouloir le faire passer en prochain conseil. Il doit laisser cela à son successeur, et là encore c’est le bon sens. Il ne se succède pas à lui-même cette fois-ci. Christian Cardon doit laisser la future élue ou le futur élu prendre son envol pour sa succession dans les meilleures conditions. Même si c’est très difficile, Christian Cardon doit accepter de tourner sa propre page.

Lire aussi : « Trouville en Marche » pour une maison des saisonniers, mais pas à n’importe quel prix

L’assainissement du budget sera-t-il l’enjeu majeur d’après élection ?
Sans aucun doute. Mais les Trouvillais sont sensibles, très sensibles à d’autres sujets. La Zac d’Hennequeville, l’emploi, la cherté du logement, le stationnement, les ordures ménagères, la circulation, la plage, et tant d’autres thèmes. Cela a toujours été le cas. Mais je crois que l’année politique que nous venons de passer en France a marqué les esprits et constitue un tournant auquel Trouville n’échappe pas. Une revendication territoriale forte, une volonté identitaire manifeste ont explosé. Une ère nouvelle s’ouvre chez nous.

 

Propos recueillis par Victor MISSISTRANO avec Sophie QUESNEL

 


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