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Histoire. À Bourg-le-Roi, le général Leclerc invitait ses soldats à consommer le cidre modérément

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Maurice Aubert, Rolande Richard, Adrien Friboulet et Jean-Claude Desaunay : les quatre Régisborgiens (même si l'un d'eux habite Chérisay) témoins du 11 août 1944

Maurice Aubert, Rolande Richard, Adrien Friboulet et Jean-Claude Desaunay : les quatre Régisborgiens (même si l’un d’eux habite Chérisay) témoins du 11 août 1944

« Ma mère était couturière. Elle avait confectionné un drapeau américain. Il n’a pas servi… ».

Jean-Claude Desaunay avait 5 ans lorsque Bourg-le-Roi (Sarthe) fut libérée le vendredi 11 août 1944 vers 17 h : tout le monde attendait des Américains.

Effectivement, l’offensive était marquée par la patte de Patton mais dans ses troupes figurait la 2e DB du général Philippe Leclerc. Il fallait bien qu’elle passe quelque part : ce sera par Rouessé-Fontaine puis Bourg-le-Roi.

Le boulot pas terminé

Une commune qui avait connu des bombardements, notamment le dimanche 6 août 44.

Adrien Friboulet s’en souvient très bien : « la gare (en réalité sur Chérisay) et la voie ferrée ont été mitraillées. Ça faisait un boucan d’enfer ».

Ce jour-là, l’Ermitage, près de l’église, avait également été visé. Là se trouvait le poste de commandement de l’ennemi. Il y eut des victimes civiles.

Adrien Friboulet se souvient de l’arrivée des premiers chars, « porte Saint-Mathurin, de la chaleur et du cidre » sorti par la population bien contente : « j’ai vu et entendu Leclerc dire « Doucement, le boulot n’est pas terminé ».

Apparemment, si chaque soldat acceptait de boire un coup dès qu’il était invité à le faire par des habitants ravis de les accueillir, vu la chaleur…

Car il faisait très chaud ce vendredi-là, et la poussière abondait.

Dix-huit colis

Ainsi donc, s’achevait l’Occupation dans ce petit village fortifié où l’on passait beaucoup de temps dans les caves, à « dormir sur la paille ».

La journée, « on se cachait sous un pont de chemin de fer » comme ce fut le cas pour Maurice Aubert : « on était une cinquantaine… ».

Un miraculé : « j’aurais dû être à l’Ermitage le matin où ça a été bombardé, à jouer avec Roselyne ».

Le hasard de la vie a fait qu’il ne s’y trouvait pas.

Il a pu compter les « colis » qui tombaient. Les bombes.

« Dix-huit ».

Le boulanger guide

La 2e DB ne s’attarde pas. Vers 18 h, hommes et matériels font route vers Champfleur.

Rolande Richard, 9 ans à l’époque, se souvient : « mon père, Louis Martin, est monté sur le char Brive-la-Gaillarde et les a guidés. Ce qui n’était pas sans risque » : il y avait des ennemis sur les hauteurs boisées de Cornoux.

D’ailleurs, à Champfleur, le char fut attaqué et Louis Martin projeté contre un mur.

Un père qui connaissait le chemin : « il était boulanger et livrait le pain à Champfleur en prenant le train ou avec son âne ».

Nazis menaçants

Le pain, c’était « le pain de la commune », rationné. C’était le temps des tickets.

Rolande Richard se souvient d’un Alençonnais venu quémander sans ticket : « je crève de faim ».

Refus de la boulangère.

La petite fille entendra alors « Ta mère, on va la tuer… ».

Vendredi 11 août 44 vers 17h : Leclerc fait une brève pause sur la place qui aujourd'hui porte son nom

Vendredi 11 août 44 vers 17h : Leclerc fait une brève pause sur la place qui aujourd’hui porte son nom (©l’Orne hebdo)

La petite Rolande reverra plus tard cet homme à Alençon, ne pouvant s’empêcher de murmurer « Sale bonhomme… ».

Les souvenirs de la fillette, c’est aussi le couvre-feu bravé (la lumière restée allumée) et cet ennemi entraperçu dans la maison, fusil braqué vers les occupants : « si vous pas comprendre, nous faire comprendre… ».

Chaise historique

La vie a repris son cours. Adrien Friboulet se souvient d’un char ennemi détruit, longtemps resté près de la porte Saint-Remy, et dont les occupants ont été fusillés.

Il se rappelle également des portraits de Leclerc trônant sur les cheminées, portraits ceints de couronnes de culots et flanqués de deux « obus ».

Mais le plus célèbre souvenir du « père la canne », c’est cette photo, signée Hugues Rozier de Linage, du général assis sur une chaise, prêtée par Marie Chatillon.

Une photo emblématique.

Le 11 août 1944

Bourg-le-Roi, c’était alors trois cafés avec celui de la gare, un boulanger, un bureau EDF, un maréchal-ferrant, un atelier de broderie, deux sabotiers, un notaire, un percepteur, un agent voyer, un bureau de Poste, un cordonnier, un coiffeur, au moins huit petits agriculteurs…

On se déplaçait à pied, à vélo, en carriole… Seul le maire, M. Chauvel, avait une voiture, une Traction avant.

Le boulanger était également motorisé : « mais mon père avait enlevé les roues, la voiture était sur cales », se souvient Rolande.

Le 11 août 2019

Chaque année, Bourg-le-Roi commémore sa Libération.

Mais, 75 ans plus tard, les cérémonies prendront cette année un éclat particulier, dimanche 11 août prochain.

18 h : dévoilement d’une borne Leclerc, sur la place éponyme, puis cérémonie au monument aux Morts et vin d’honneur à la salle polyvalente

22 h 30 : projection d’un film sur la Libération, en plein air, rue du point de Beauvais. Gratuit.

23 h : feu d’artifice

Maire de la commune très impliqué sur le sujet, Philippe Martin annonce un vin d’honneur comme à l’époque, avec du cidre.

Il invite la population à pavoiser les maisons et à s’habiller en tenue d’époque.

Et il se réjouit d’accueillir le général Bruno Cuche, président de la Fondation Maréchal Leclerc, mais aussi un détachement du 501e RCC (Régiment de Chars de Combat) et le char Montereau qui sera stationné à la place du char Toulouse.


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