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À Rouen, un père alcoolique condamné pour des violences sur ses enfants

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Mardi 25 juin 2019, un des témoins qui devait être entendu lors du procès du professeur de Français enmprionné en Russie était absent : une nouvelle date d'audience a donc été fixée.

À Rouen, un père est passé en comparution immédiate pour avoir, sous l’emprise de l’alcool, frappé ses enfants. (©Photo d’illustration Pixabay)

Le 20 juillet 2019, vers 14 heures, la police est requise pour des violences sur mineurs commises en état d’ivresse sur la commune d’Orival, près d’Elbeuf (Seine-Maritime). À leur arrivée, les forces de l’ordre constatent que Paul*, 38 ans, est ivre et que sa femme est à son travail.

Sophie*, la fille du couple, âgée de 13 ans, dit s’être réveillée vers 10 heures avec son frère, Louis*. Les deux mineurs constatent que leur père est alors ivre dans le canapé. Louis, 15 ans, ne supportant plus cette alcoolisation, ne peut s’empêcher de lui adresser une réflexion. Son père s’emporte, attrape Louis et le pousse contre un mur avant de se saisir d’une bouteille et de le menacer de la lui introduire dans l’anus, puis de se retourner contre Sophie, en lui tirant les cheveux et en faisant chuter la petite sœur, Emilie*, âgée de deux ans et demi. Le père est interpellé et placé en garde à vue.

Lire aussi : Violences et menaces de mort contre ses colocataires : un homme jugé à Rouen

Louis est entendu à son tour. Il confirme les déclarations de sa sœur, ajoutant que face à cette situation insupportable, il a voulu partir de chez lui avec son scooter qui n’était pas assuré, ce que son père a refusé. Il aurait reçu trois gifles avant d’être menacé de viol. Emilie, au vu de son jeune âge, n’a pu être entendue.

Des témoins entendus confirment tous une relation de couple pathologique, dénonçant le mutisme face au climat de violence que faisait régner le prévenu.

En garde à vue, Paul reconnait en partie les faits mais les minimise, qualifiant ses gestes de « bagarre ou chamaillerie ».

« C’est pas ma faute, c’est l’alcool »

Dans le box, Paul, cinq mentions au casier judiciaire, est jugé en comparution immédiate. Il reconnaît son alcoolisme chronique : « quand je bois, je deviens méchant, j’insulte tout le monde, je sais que ce n’est pas bien », indique-t-il au tribunal.

Sur les faits qui lui sont reprochés, il reconnaît des violences et des insultes sur Sophie et tente de s’en justifier ainsi : « je ne tolère pas que ma fille se maquille à 13 ans ; quand elle le fait, je la dispute. Mais je ne l’ai pas giflée. »

Il reconnaît s’être battu avec Louis : « j’avais une bouteille à la main, je me suis énervé car il voulait partir avec le scooter qui n’était pas assuré, j’ai pu le menacer de lui mettre la bouteille dans les fesses, mais je n’aurais jamais fait ça à mon fils, c’est l’alcool qui me fait faire toutes ces choses. » Quant à Emilie, il conteste toute violence : « j’ai dû la prendre dans les bras et vouloir la poser. Comme j’étais ivre, elle a dû tomber de la chaise, mais ce n’était pas volontaire », explique le prévenu.

Face à son comportement, le tribunal le rappelle à l’ordre : « il faut que vous compreniez que vous agissement sont inacceptables, et qu’en effet il est difficile pour un enfant de respecter son père quand il le voit ivre tout les jours », ajoutant que « quand la bagarre n’est plus un jeu, en droit, cela s’appelle des violences volontaires ».

Lire aussi : Un homme jugé à Rouen pour avoir poursuivi et percuté la voiture de sa femme

« Un véritable calvaire pour eux »

Pour l’avocate des enfants, « il y a une nécessité de les protéger de leur père, qui n’a pas conscience qu’il leur fait vivre un véritable calvaire depuis des années ». Elle se dit inquiète aujourd’hui du positionnement du prévenu face à ces actes : « il les minimise, voire les banalise », et demande le renvoi sur intérêt civil, afin de pouvoir chiffrer le préjudice de chaque enfant.

Pour le ministère public, le prévenu fait régner « un climat de terreur et de violence », n’assumant pas ses propres actes . « Pour lui tout est dû à l’alcool. Or, ce n’est pas l’alcool que l’on juge aujourd’hui, mais bien lui. » Il estime que les faits sont caractérisés par les témoignages et les déclarations des enfants, et requiert la peine de 10 mois d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans comprenant une obligation de soins et de travailler.

«Volonté de se soigner et de travailler »

Pour le conseil de Paul, la tâche est rude. Il tient à rappeler que son client est conscient de son alcoolisme et qu’il a la volonté de se sevrer. L’avocate conteste fermement l’ivresse permanente de son client : « quand il travaille, il ne boit pas, il donne même satisfaction ». Elle estime que les faits reprochés sur Lucie ne sont pas caractérisés, que le doute doit profiter à son client concernant les faits sur Sophie et demande la relaxe.

Enfin, pour le surplus, elle demande au tribunal de faire preuve de clémence, de tenir compte de la situation professionnelle de l’intéressé et ajoute : « une incarcération lui ferait perdre son travail, ce qui par la suite risquerait de compliquer sa réinsertion et ses soins pour l’alcool ». Elle demande une peine d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve.

Le tribunal relaxe Paul des faits commis sur Lucie, le condamne pour le surplus à la peine de 10 mois d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans avec obligation de soins et de travailler. **

*Les prénoms ont été modifiés
** Cette peine est susceptible d’appel. Toute personne est présumée innocente tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.

Par notre correspondant Frédéric Bernard


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