
Plus de 6 millions d’habitants en France sont concernés par cette pollution au tritium. (©Illustration M.J/Liberté Le Bonhomme Libre)
« Accusé d’avoir semé la panique » en publiant une cartographie de la contamination au tritium dans l’eau potable, mercredi 15 juillet 2019, ce lundi 22 juillet, l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, laboratoire basé à Hérouville Saint-Clair (Calvados), dément.
En annonçant que l’eau potable de 6 millions de Français contenait du tritium, l’Acro « ne cherche pas à provoquer la panique, mais le débat. Le but de ce travail est d’éclairer le public et les autorités sur les niveaux de radioactivité et les risques engendrés en cas d’accident. »
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Une rumeur sur les réseaux sociaux
Une rumeur diffusée sur les réseaux sociaux est à l’origine de cette mise au point.
Un message a été posté anonymement sur les réseaux sociaux, explique l’Acro. Il mentionnait une contamination au « titanium », et non au tritium, et un prétendu arrêté préfectoral interdisant de boire de l’eau du robinet en Ile de France. Il a semé la panique et entraîné des messages rassurants des autorités sur la qualité de l’eau de consommation. L’ACRO a rapidement démenti sur twitter cette fausse information, dès qu’elle a découvert la rumeur.
Le préfet de Paris a rapidement démenti avoir pris un arrêté interdisant la consommation.
Démenti sur la présence de #tritium dans l'eau potable : aucun arrêté préfectoral n'a été pris par le préfet de Paris.
Les valeurs observées à ce jour ne montrent pas de risque pour la santé publique @ARS_IDF .
💧L’eau du robinet peut donc être consommée sans restriction.— Préfet d'Île-de-France, préfet de Paris (@Prefet75_IDF) July 19, 2019
La rumeur s’est tout aussi rapidement répandue et l’Acro est devenue la cible de « tweets insultants basés sur la théorie du complot : l’Acro manipulerait les journalistes. C’est nous donner beaucoup de pouvoir ! Certains sont même allés à proférer des menaces. »
L’Acro répète avoir étudié les données fournies par les Agences régionales de Santé via la DGS. Des données publiques dont les habitants ignorent pourtant l’existance. « La Direction Générale de la Santé, qui nous a fourni les données, a été prévenue par mail le lundi 15 juillet au soir de notre communication à venir et de nos revendications. »
Cette cartographique de la contamination en tritium de l’eau potable n’avait jamais été faite. Les données étaient disponibles, mais elles n’étaient connues, ni de la presse, ni du public. Notre carte a donc eu un énorme impact, qui nous a nous même surpris. Notre site Internet a été consulté par plus de 160 000 citoyens en quelques jours !
L’alimentation en eau potable vulnérable en cas d’accident nucléaire grave
L’objectif de cette carte est notamment de convaincre les préfets de tenir compte de la pollution radioactive et des conséquences en cas d’accident nuclaire grave dans les plans « orsec eau potable » qui doivent être établis pour le 31 décembre 2020 au plus tard.
Notre travail met en lumière la vulnérabilité de l’alimentation en eau potable de grandes agglomérations en cas d’accident nucléaire grave. Nous n’avons pas été démentis sur le sujet. Aucune préfecture n’a été en mesure d’indiquer qu’elle dispose un plan « ORSEC eau potable ».
L’Acro ne compte pas céder et abandonner sa mission. Au contraire.
Notre observatoire de la radioactivité dans l’eau va être étendu et nous continuerons à communiquer sur le sujet. C’est la raison d’être de notre association, qui milite pour le droit de savoir dans le domaine du nucléaire et de la radioactivité.